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ÉPIGNOME. Non, en prison ; ici tu n’auras pas la peine de te régaler. (A Pamphilippe.) Allons, toi.

PAMPHILIPPE. Je vais saluer les dieux, et tout de suite je viendrai chez toi.

GÉLASIME. Eh bien ?

ÉPIGNOME. Je t’ai dit d’aller à la prison.

GÉLASIME. Oui, si tu l’ordonnes, je me rendrai même là.

ÉPIGNOME. Dieux immortels ! avec un diner ou un souper on le conduirait tout en haut du gibet.

GÉLASIME. Voilà comme je suis ; j’aime mieux me battre avec n’importe qui qu’avec la faim.

PAMPHILIPPE. Va donc ; j’ai déjà éprouvé le bonheur que tu apportes. Quand nous t’avons eu, mon frère et moi, pour parasite, nous avons fricassé notre bien. Aujourd’hui, je ne veux pas prêter à rire à Gélasime. (Il sort avec son frère.)

GÉLASIME. Il est parti ?… Vois, Gélasime, quelle résolution tu prendras. Moi ? oui, toi. Pour moi ? oui, pour toi. Tu vois comme les vivres sont chers ; tu vois ce que sont devenues les politesses et les prévenances des gens ; tu vois comme on fait fi des plaisants, comme les riches eux-mêmes font les parasites. Par Pollux ! nul ne me verra en vie demain ; je vais m’étrangler avec une potion de jonc. Je ne m’exposerai pas à ce qu’on dise que je suis mort de faim.


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ACTE V.


SCÈNE I. — STICHUS.


C’est la mode, et une mode bien sotte, à mon sens : si l’on attend quelqu’un, on sort pour voir s’il vient ; et ma foi, il n’en arrive pas plus vite pour cela. C’est ce que je fais maintenant. je regarde après Sagarinus, et il n’en arrive pas plus vite. Bah ! je me mettrai tout seul à table, s’il ne vient pas. Je vais porter de chez nous ici la cruche de vin : puis à table ; le jour s’en va comme un pauvre vieux. (Il sort.)


SCÈNE II. — SAGARINUS, STICHUS.


SAGARINUS. Je te salue, Athènes, nourrice de la Grèce ! Patrie de mon maître, je te revois avec plaisir. Mais que fait mon amie, ma camarade Stéphanie ? cela me préoccupe ; comment