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place en mon âme pour aucun chagrin. Mais voici mon frère Pamphilippe, qui vient avec mon beau-père.

PAMPHILIPPE. Comment va, Épignome ?

ÉPIGNOME. Et toi ? y a-t-il longtemps que vous êtes entrés dans le port ?

PAMPHILIPPE. Très-longtemps.

ÉPIGNOME, désignant Antiphon. Et depuis, s’est-il calmé pour toi ?

ANTIPHON. Plus que la mer que vous venez de traverser.

ÉPIGNOME. On vous reconnaît là. Déchargeons-nous nos bâtiments aujourd’hui, mon frère ?

PAMPHILIPPE. Nous ne sommes pas si pressés. Chargeons-nous plutôt nous-mêmes de jouissances. Le souper est-il bientôt prêt ? je n’ai pas dîné.

ÉPIGNOME. Entre et baigne-toi.

PAMPHILIPPE. Je vais un instant à la maison saluer les dieux et ma femme.

ÉPIGNOME. Ta femme est chez nous, qui fait les apprêts avec sa sœur.

PAMPHILIPPE. A merveille ; c’est autant de retard de moins : je serai chez toi dans une minute.

ANTIPHON. Avant que vous nous quittiez, je veux lui conter devant vous un apologue.

ÉPIGNOME. Soit.

ANTIPHON. Il y avait une fois un vieillard, comme moi ; il avait deux filles, comme celles que j’ai ; elles étaient mariées à deux frères, comme les miennes à vous.

PAMPHILIPPE. Je me demande où aboutira l’apologue.

ANTIPHON. Le plus jeune des deux maris avait une joueuse de lyre et une joueuse de flûte, ramenées par lui de l’étranger, comme vous venez de faire. Mais le vieillard était célibataire, comme me voici à présent.

PAMPHILIPPE. Continuez. C’est un apologue de circonstance.

ANTIPHON. Alors le vieillard dit à celui qui avait la joueuse de flûte, comme je vous dis maintenant…

PAMPHILIPPE. J’écoute, je suis tout oreilles.

ANTIPHON. « Je vous ai donné ma fille pour avoir de l’agrément au lit avec elle : eh bien, maintenant je trouve juste que de votre côté vous me donniez quelqu’un pour coucher avec moi. »

PAMPHILIPPE. Qui dit cela ? est-ce l’autre comme vous ?

ANTIPHON. Comme je vous dis en ce moment. « Je vous en