ÉPIGNOME. Je suis retenu déjà, mais je ne t’en remercie pas moins.
GÉLASIME. Promettez.
ÉPIGNOME. C’est décidé.
GÉLASIME. Allons, venez, vous dis-je.
ÉPIGNOME. Non, c’est bien vrai.
GÉLASIME. Vous me ferez plaisir, par Hercule !
ÉPIGNOME. Je le sais bien. A la première occasion, cela s’arrangera.
GÉLASIME. L’occasion, c’est aujourd’hui.
ÉPIGNOME. Vraiment, je ne peux pas.
GÉLASIME. Pourquoi tant de façons ? dites oui, j’ai un je ne sais quoi à vous offrir.
ÉPIGNOME. Va, cherche pour aujourd’hui un autre convive.
GÉLASIME. Consentez donc.
ÉPIGNOME. Je ne me ferais pas prier, si je pouvais.
GÉLASIME. Ma foi, je ne vous promets qu’une chose, c’est que je vous recevrai de bien bon cœur, si vous me donnez parole.
ÉPIGNOME. Adieu.
GÉLASIME. C’est résolu ?
ÉPIGNOME. Oui, je souperai à la maison.
GÉLASIME. Puisque vous ne voulez pas accepter, voulez-vous que je vienne souper avec vous ?
ÉPIGNOME. Je le voudrais bien, si cela se pouvait ; mais je reçois neuf étrangers.
GÉLASIME. Oh ! je ne réclame pas une place sur un lit ; vous savez qu’on peut me mettre au bas bout.
ÉPIGNOME. Mais ce sont des orateurs du peuple, de grands personnages qui viennent ici en ambassade pour la cité d’Ambracie.
GÉLASIME. Eh bien, les orateurs du peuple, les grands personnages, prendront place au haut bout, et moi le petit compagnon au bas bout.
ÉPIGNOME. Il ne convient pas que je te reçoive dans une société d’orateurs.
GÉLASIME. Eh, moi aussi, ma foi, je suis orateur, mais cela ne me réussit guère.
ÉPIGNOME. Demain, je veux que nous nous régalions avec les restes : bonne santé. (Il rentre.)
GÉLASIME. Je suis perdu, ma foi, et perdu comme il faut. Il y a un Gélasime de moins que tantôt. Ah ! désormais je ne croi-