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CROCOTIE. Enfin venez-vous, ou non ?

GÉLASIME. Retourne à la maison. Dis que je vais venir ; hâte-toi, pars. (Crocotie s’en va.) Je me demande pourquoi elle me fait appeler, c’est la première fois que cela lui arrive depuis que son mari s’en est allé. Cela m’étonne ; pour en avoir le cœur net, j’irai voir ce qu’elle veut. Mais voici son petit esclave Dinacion : regardez un peu. La jolie pose ! il est à peindre. Oh ! ma foi, il a souvent avalé de petites rasades presque pures, en habile garçon.


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ACTE II.


SCÈNE I. — DINACION, GÉLASIME.


DINACION, sans voir Gélasime. Mercure, qu’on dit être le messager de Jupiter, n’a jamais apporté à son père une aussi joyeuse nouvelle que celle que je vais porter à ma maîtresse. J’arrive le cœur gros de plaisir et de bonheur. Je ne veux parler que d’un ton fier, car j’apporte tout ce qu’il y a de plus agréable, de plus charmant, de plus délicieux. Aussi, mon Dinacion, exhorte tes pieds ! que ta conduite soit digne de tes discours ! Il dépend de toi aujourd’hui d’acquérir gloire, honneur, estime ; soulage la misère de ta maîtresse ; couronne les services de tes aïeux. Elle se consume dans l’attente de son mari Épignome : elle l’aime passionnément, comme elle le doit. Hâte-toi, Dinacion, fais à ta fantaisie, cours à ton envie, ne te soucie de personne. Jette le monde hors de ton chemin, d’un coup de coude ; fais-toi un large passage. Si un grand se trouve sur ta route, bouscule le grand.

GÉLASIME, à part. Qu’a donc Dinacion à courir si gaiement et de si bon cœur ? Il porte une canne avec un petit panier et un hameçon.

DINACION. Mais après tout, j’y pense, c’est plutôt à ma maitresse à me prier, à m’envoyer une députation, des présents d’or, un quadrige pour me porter ; car je ne peux aller à pied. Retournons donc. Je trouve juste qu’on vienne à moi, qu’on me supplie. Croyez-vous que ce soit une bagatelle, un rien, que ce que je sais ? J’apporte du port tant de bonheur, une joie si grande, que ma maîtresse même, à moins de savoir la vérité, n’oserait demander rien de pareil aux dieux. Et je viendrais