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PINACIE. Autant que je peux en juger, de beaucoup de maux le moindre mal est le moindre. Que celui qui peut se passer de femme s’en passe, qu’il ne fasse jamais la veille ce dont il se repentirait le lendemain.

ANTIPHON, à Panégyris. Entre toutes les femmes, quelle est la plus sage ?

PANÉGYRIS. Celle qui, au milieu de la prospérité, sait cependant se connaître, et celle qui se résignera à passer d’une meilleure fortune à une pire.

ANTIPHON. Eh bien, je vous ai éprouvées assez adroitement pour savoir votre façon de penser. Mais voici pourquoi je suis venu vous trouver et j’ai voulu vous parler à toutes deux. Mes amis me conseillent de vous reprendre chez moi.

PANÉGYRIS. Mais nous, que cela regarde, nous vous donnons un autre conseil. Ou il ne fallait pas dans le temps nous donner à eux, s’ils vous déplaisaient, ou il n’est pas bien, mon père, de nous emmener aujourd’hui de chez eux en leur absence.

ANTIPHON. Je consentirais à vous voir, de mon vivant, des mendiants pour maris !

PINACIE. Mon mendiant me plait ; un roi plait à sa reine. J’ai les mêmes sentiments dans la pauvreté qu’autrefois dans l’opulence.

ANTIPHON. Faites-vous donc tant de cas de bandits, de porteurs de besace ?

PANÉGYRIS. Vous ne m’avez pas mariée, je pense, avec de l’argent, mais avec un homme.

ANTIPHON. Comment ! vous les attendez, quand voici déjà trois ans qu’ils sont partis ? Que ne quittez-vous un parti misérable pour un mariage superbe ?

PANÉGYRIS. C’est une folie, mon père, que de porter les chiens à la chasse. Une femme qui épouse malgré elle est l’ennemie de son mari.

ANTIPHON. Ainsi, c’est décidé, aucune de vous ne veut faire la volonté de son père ?

PINACIE. Nous la faisons, puisque nous ne voulons pas quitter les maris que vous nous avez donnés.

ANTIPHON. Bonsoir, je m’en vais, je dirai vos raisons à mes amis.

PANÉGYRIS. Ils nous en estimeront davantage, je crois, si ce sont de braves gens.

ANTIPHON. Soignez donc votre ménage pour le mieux.