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ANTIPHON. C’est pour te contenter ; assez comme cela.

PINACIE. Des enfants ne peuvent prendre trop de soin de leur père. Qui devons-nous chérir plus que vous, et après vous, mon père, nos maris, dont vous avez voulu nous faire les compagnes ?

ANTIPHON. Vous faites ce que doivent faire d’honnêtes femmes, en conservant pour vos maris absents les mêmes sentiments que s’ils étaient auprès de vous.

PINACIE. L’honneur veut, mon père, que nous honorions ceux qui nous ont prises pour compagnes.

ANTIPHON. N’y a-t-il ici aucun étranger pour surprendre nos paroles ?

PANÉGYRIS. Personne, mon père, que vous et nous.

ANTIPHON. J’entends que vous me prêtiez attention. Je ne me connais guère aux femmes et à leur humeur, c’est un écolier qui vient prendre vos leçons, vous demander quelle doit être la conduite des meilleures épouses ; mais dites-le-moi l’une et l’autre.

PANÉGYRIS. A quel propos venez-vous vous informer auprès de nous de la conduite des femmes ?

ANTIPHON. C’est que je cherche une moitié, ma foi, maintenant que votre mère est morte.

PANÉGYRIS. Vous n’aurez pas de peine, mon père, à en trouver une plus méchante et d’un plus mauvais caractère ; mais vous ne mettrez pas la main sur une meilleure il n’y en a pas sous le soleil.

ANTIPHON. Enfin je fais cette question à toi et à ta sœur ici présente.

PINACIE. Ma foi, je sais comme une femme doit être, si elle est à mon idée.

ANTIPHON. Je veux précisément savoir quelle est ton idée.

PINACIE. Quand elle sort dans les rues, qu’elle ferme la bouche à tout le monde, qu’elle ne donne pas une juste prise à la médisance.

ANTIPHON, à Panégyris. A ton tour maintenant.

PINACIE. Que voulez-vous que je vous dise, mon père.

ANTIPHON. A quoi on reconnaît le mieux une femme d’un bon caractère.

PANÉGYRIS. C’est lorsqu’ayant le pouvoir de mal faire elle sait s’en défendre.

ANTIPHON. Pas mal cela. (A Pinacie.) A toi à présent : lequel vaut le mieux, d’épouser une fille ou une veuve ?