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GRIPUS. Hé bien, l’ami, tiens-tu ta valise ?

LABRAX. Je la tiens.

GRIPUS. Dépêche-toi.

LABRAX. De quoi faire ?

GRIPUS. De me compter la somme.

LABRAX. Par Pollux, je ne te donnerai rien, je ne te dois rien.

GRIPUS. Qu’est-ce à dire ? tu ne me dois rien ?

LABRAX. Non, ma foi.

GRIPUS. Tu ne m’as pas juré ?

LABRAX. J’ai juré, et je jurerai encore si le cœur m’en dit. Le serment a été établi pour conserver, et non pour perdre ce qu’on a.

GRIPUS. Allons, donne-moi mon grand talent d’argent, coquin, parjure.

DÉMONÈS. Gripus, qu’est-ce que ce talent que tu lui réclames ?

GRIPUS. Il a fait serment de me le donner.

LABRAX. Cela me fait plaisir de jurer. Es-tu grand pontife pour me déclarer parjure ?

DÉMONÈS. Pourquoi t’a-t-il promis cet argent ?

GRIPUS. Il a juré, si je faisais rentrer cette valise en ses mains, de me donner un grand talent d’argent.

LABRAX. Donne-moi un juge à qui je puisse prouver que tu as contracté de mauvaise foi et que je n’ai pas encore mes vingt-cinq ans.

GRIPUS, montrant Démonès. Plaide par-devant celui-ci.

LABRAX. J’en veux un autre.

DÉMONÈS, à Labrax. Je ne souffrirai pas que tu la lui reprennes avant que je l’aie condamné. Lui as-tu promis l’argent ?

LABRAX. J’en conviens.

DÉMONÈS. Ce que tu as promis à mon esclave m’appartient de droit. Ne cherche pas à nous servir un plat de ton métier, tu n'y parviendrais pas.

GRIPUS. Tu pensais avoir affaire à un homme facile à attraper : mais il faut nous compter ici de l’argent de bon aloi, (montrant Démonès) que je lui verserai aussitôt pour qu’il m’affranchisse.

DÉMONÈS. Comme j’ai été obligeant pour toi, et que grâce à moi tout ceci t’a été conservé…

GRIPUS. Grâce à moi plutôt, ne dites pas à vous, ma foi.

DÉMONÈS. Tu feras bien de te taire… Il faut que tu m’obliges à ton tour ; un service en vaut un autre.