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GRIPUS. Recevra de moi sur l’heure un grand talent d’argent.

LABRAX. Recevra de moi sur l’heure un grand talent d’argent.

GRIPUS. Et si vous trichez, ajoutez que vous priez Vénus de vous exterminer dans votre commerce et de vous perdre pour toujours. Et en tout cas que le souhait subsiste, quand vous aurez juré.

LABRAX. Et si je triche avec lui, Vénus, je te prie de rendre malheureux tous les gens de mon métier.

GRIPUS. C’est toujours ce qui arrivera, quand même vous garderiez votre parole. Attendez-moi ici, je vais aller chercher notre vieillard, et vous lui réclamerez tout de suite votre valise. (Il entre.)

LABRAX. Il aura beau me rendre ma valise, je ne lui dois pas une obole. C’est à moi à décider de ce qu’a juré ma langue. Mais motus ! le voici qui sort et qui m’amène le bonhomme.


SCÈNE III. - GRIPUS, DÉMONÈS, LABRAX.


GRIPUS, à Démonès. Suivez-moi, par ici… Où est-il, ce bandit ?… Hé ! là-bas, tenez ! voici celui qui a la valise.

DÉMONÈS. Je l’ai, je conviens que c’est moi qui la tiens ; si elle est à toi, reprends-la. Tout ce qu’il y avait dedans, on te le rendra intact. Prends, si elle est à toi.

LABRAX. Dieux immortels ! c’est bien la mienne. Salut, ma chère valise.

DÉMONÈS. Elle t’appartient ?

LABRAX. Belle demande ! Elle aurait été à Jupiter qu’elle n’en serait, ma foi, pas moins à moi.

DÉMONÈS. Tout y est en parfait état : seulement on en a retiré tout à l’heure une cassette avec des jouets qui m’ont fait retrouver ma fille.

LABRAX. Quelle fille ?

DÉMONÈS. Palestra, qui était à toi ; il s’est trouvé que c’est mon enfant.

LABRAX. Par Hercule, tant mieux ! puisque cela vous fait plaisir, je m’en réjouis.

DÉMONÈS. Je ne t’en crois guère.

LABRAX. Pour vous prouver que ma joie est sincère, je ne vous demande pas une obole pour elle, je vous en fais cadeau.

DÉMONÈS. Tu es trop honnête, ma foi.

LABRAX. Non, ma foi, c’est vous.