LABRAX. Comment va ?
GRIPUS. On nettoie sa broche.
LABRAX. Et la santé ?
GRIPUS. Et vous ? seriez-vous médecin, par hasard ?
LABRAX. Non, j’ai une lettre de trop pour être médecin.
GRIPUS. Alors vous êtes mendiant[1] ?
LABRAX. Vous avez mis le doigt dessus.
GRIPUS. Aussi vous en avez toute la mine. Mais qu’y a-t-il pour votre service ?
LABRAX. La nuit passée, j’ai été saucé dans la mer. Mon vaisseau a fait naufrage, et j’ai perdu, hélas ! tout ce que j’avais.
GRIPUS. Qu’est-ce que vous avez perdu ?
LABRAX. Une valise qui contenait beaucoup d’or et d’argent.
GRIPUS. Et vous rappelez-vous ce qu’il y avait dans cette valise ?
LABRAX. Qu’importe, puisqu’elle est perdue ?
GRIPUS. Et si… ?
LABRAX. Parlons d’autre chose.
GRIPUS. Si je savais qui l’a trouvée ? je veux que vous me donniez le signalement.
LABRAX. Il y avait dans une sacoche huit cents pièces d’or, plus cent philippes à part dans un petit sac.
GRIPUS, à part. Beau butin, ma foi ! j’aurai une large récompense. Les dieux protégent le monde : je sortirai de là avec bénéfice. Je n’en doute pas, la valise est à lui. (Haut.) Continuez.
LABRAX. Un grand talent de bon argent dans un sac, puis un pot, un entonnoir, une coupe, une jarre, un vase à boire.
GRIPUS. Peste ! vous aviez là de fières richesses.
LABRAX. C’est un vilain et bien triste mot, j’avais, quand on n’a plus rien.
GRIPUS. Combien donneriez-vous à celui qui vous renseignerait, qui vous mettrait sur la trace ? Dites vite, lestement.
LABRAX. Trois cents doubles drachmes.
GRIPUS. Bagatelle !
LABRAX. Quatre cents.
GRIPUS. Sornettes !
LABRAX. Cinq cents.
GRIPUS. Noix creuse !
LABRAX. Six cents.
GRIPUS. Vous dites des pauvretés.
- ↑ Jeu de mots sur medicus et mendicus.