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DORIPPE. Malheur à moi !

LYSIMAQUE. A moi plutôt.

DORIPPE. Je suis morte !

LYSIMAQUE. C’est bien moi, par Hercule, qui suis mort et enterré. Elle l’a vue. Que tous les dieux te confondent, Démiphon !

DORIPPE. Par Pollux, voilà pourquoi mon mari ne voulait pas venir à la campagne.

LYSIMAQUE. Allons, il faut l’aborder, lui parler. Le mari donne le bonjour à sa femme… Eh ! les citadins deviennent campagnards[1].

DORIPPE. Ils sont plus honnêtes que ceux qui ne veulent pas être campagnards du tout.

LYSIMAQUE. Est-ce qu’on est mal appris à la campagne ?

DORIPPE. Moins qu’à la ville, et on ne s’y fait pas tant de méchantes affaires.

LYSIMAQUE. Et qu’est-ce que les citadins ont fait de si mal ? dis-le-moi.

DORIPPE. A qui est cette femme là dedans ?

LYSIMAQUE. Tu l’as vue ?

DORIPPE. Je l’ai vue !

LYSIMAQUE. Tu demandes à qui elle est ?

DORIPPE. Je le saurai de toute façon ; oui, par Hercule, je désire le savoir ; mais vous essayerez de me tromper.

LYSIMAQUE. Veux-tu que je te dise à qui elle est ? Elle est… elle est… Ah ! foin de moi, je ne sais que dire.

DORIPPE. Vous êtes embarrassé ?

LYSIMAQUE. Jamais on ne le fut davantage.

DORIPPE. Parlez donc.

LYSIMAQUE. Oui, si tu le permets.

DORIPPE. Ce devrait déjà être fait.

LYSIMAQUE. Je ne peux, tu me presses trop, tu es après moi comme après un criminel.

DORIPPE. Vous êtes innocent, je le sais.

LYSIMAQUE. Tu peux le dire hardiment.

DORIPPE. Parlez donc.

LYSIMAQUE. Que je parle ?

DORIPPE. Il faut accoucher.

LYSIMAQUE. C’est… veux-tu que je te dise jusqu’à son nom ?

DORIPPE. Chansons ! Je vous tiens, vous êtes en faute.

  1. Dorippe n’a pas répondu au salut de son mari.