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TRACHALION. A merveille, puisqu’il vous appartient.

DÉMONÈS. Qu’y a-t-il ?

TRACHALION. C’est un coquin.

DÉMONÈS. Qu’est-ce qu’il t’a fait, ce coquin ?

TRACHALION. Je demande qu’on lui rompe les talons.

DÉMONÈS. Mais enfin, quelle querelle avez-vous ensemble ?

TRACHALION. Je vais vous le dire.

GRIPUS. Non, c’est moi qui le dirai.

TRACHALION. C’est moi, je pense, qui suis le réclamant.

GRIPUS. Si tu avais un peu de pudeur, tu décamperais d’ici.

DÉMONÈS. Gripus, écoute et tais-toi.

GRIPUS. Il parlerait le premier ?

DÉMONÈS. Écoute. (A Trachalion.) Parle, toi.

GRIPUS. Vous donnerez la parole à un étranger avant que votre esclave l’ait eue ?

TRACHALION. Qu’on a de peine à le mater ! Je disais donc que ce vil coquin que vous avez chassé tantôt, voici sa valise, la voilà.

GRIPUS. Je ne l’ai pas.

TRACHALION. Tu nies ce qui me crève les yeux ?

GRIPUS. Puisses-tu n’y voir goutte ! Je l’ai et je ne l’ai pas : pourquoi te mêles-tu de mes affaires ?

TRACHALION. Il faut savoir comment tu l’as, si c’est justement ou injustement.

GRIPUS. Si je ne l’ai pas prise dans mon filet, je consens que tu fasses cadeau de mon corps au gibet ; si je l’ai prise en mer, à quel titre t’appartient-elle plutôt qu’à moi ?

TRACHALION. Il vous conte des bourdes. La chose s’est passée comme je dis.

GRIPUS. Qu’est-ce que tu dis ?

TRACHALION, à Démonès. Tandis que le premier orateur parle, tenez-le en posture, s’il vous plaît.

GRIPUS. Comment ! tu veux qu’il me fasse ce que te fait ton maître ? S’il a l’habitude de te tenir en posture, le nôtre n’en use pas ainsi avec nous.

DÉMONÈS, à Trachalion. Pour ce coup de langue il a le dessus ; mais enfin que veux-tu ? explique-toi.

TRACHALION. Je ne réclame pas ma part de cette valise, et je ne dis pas qu’elle m’appartienne ; mais il y a là dedans une cassette de cette jeune fille que je vous disais tantôt être de condition libre.