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PLEUSIDIPPE. Étaient-elles encore sur l’autel quand tu es venu me chercher ?

TRACHALION. Oui. et même elles y sont toujours.

PLEUSIDIPPE. Qui est-ce qui veille sur elles ?

TRACHALION. Je ne sais, un vieillard, voisin de Vénus ; il nous a donné un fameux coup de main. Il les garde en ce moment avec ses esclaves ; je l’en avais chargé.

PLEUSIDIPPE. Mène-moi tout droit à mon coquin : où est-il ?

LABRAX. Salut.

PLEUSIDIPPE. Tu peux garder ton salut. Choisis au plus vite : aimes-tu mieux qu’on t’emporte ou qu’on t’entraîne en te tordant le cou ? Décide-toi vite, tandis qu’on te laisse le choix.

LABRAX. Ni l’un ni l’autre.

PLEUSIDIPPE. Cours au rivage, Trachalion ; envoie au-devant de moi dans la ville, sur le port, ceux que j’avais amenés pour le livrer au bourreau. Reviens ensuite et fais bonne garde ici. Moi je ferai emporter ce garnement au tribunal. (A Labrax.) Allons, devant les juges.

LABRAX. Qu’ai-je fait ?

PLEUSIDIPPE. Tu le demandes ? après que tu as reçu de moi des arrhes pour cette jeune fille et que tu l’as emmenée du pays ?

LABRAX. Je ne l’ai pas emmenée.

PLEUSIDIPPE. A quoi bon nier ?

LABRAX. Je l’ai embarquée, c’est vrai, mais je n’ai pas pu l’emmener, hélas ! Je vous avais dit que je me trouverais au temple de Vénus ; y a-t-il rien de changé ? ne suis-je pas ici ?

PLEUSIDIPPE. Tu plaideras devant le tribunal ; c’est assez de verbiage. Suis-moi.

LABRAX. A mon secours, de grâce, Charmidès ; on m’entraîne, on me tord le cou.

CHARMIDÈS. Qui m’appelle ?

LABRAX. Ne voyez-vous pas comme on m’entraîne ?

CHARMIDÈS. Je le vois, et je regarde avec plaisir.

LABRAX. N’avez-vous pas le cœur de me secourir ?

CHARMIDÈS. Qui est-ce qui vous emmène ?

LABRAX. Le jeune Pleusidippe.

CHARMIDÈS. Puisque vous y êtes, bon courage ; cela ne vous fera pas de mal d’aller en prison. Vous avez une chance que beaucoup souhaitent.

LABRAX. Laquelle ?

CHARMIDÈS. De trouver ce qu’ils cherchent.