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LABRAX. Ah ! ma foi, les temples se métamorphosent vite dans ee pays-ci. C’est à présent le temple d’Hercule, tout à l’heure c’était celui de Vénus. Voilà l’effet de ces deux statues que le vieillard vient de dresser avec des massues. Je ne sais, ma foi, où me réfugier, tant la terre et la mer me sont toutes deux ennemies ! Palestra !

UN ESCLAVE. Que veux-tu ?

LABRAX. Fi, c’est une mauvaise chicane. Cette Palestra qui vient de répondre n’est pas à moi. Hé, Ampélisca !

L’AUTRE ESCLAVE. Gare à toi !

LABRAX. Pour de pareils drôles, l’avis n’est pas mauvais… Mais dites-moi, hé vous, qu’est-ce que cela vous fait que je m’approche d’elles ?

UN ESCLAVE. A nous, cela ne nous fait rien.

LABRAX. Et à moi qu’est-ce que cela me fera ?

L’ESCLAVE. Rien, si tu prends garde.

LABRAX. Prendre garde à quoi ?

L’ESCLAVE. Hem ! à un gros guignon.

LABRAX. Je vous prie, laissez-moi m’en aller.

L’ESCLAVE. Va-t’en si tu veux.

LABRAX. A la bonne heure ; grand merci. (Les esclaves lèvent leurs bâtons.) Non : je me rapprocherai plutôt.

L’ESCLAVE. Tiens-toi là sans bouger.

LABRAX. Par Pollux, je suis malheureux de tous les côtés. Mais je suis bien décidé à faire le siége jusqu’à ce qu’elles se rendent.


SCÈNE VI. - PLEUSIDIPPE, TRACHALION, PALESTRA, AMPÉLISCA, LABRAX, LES DEUX ESCLAVES, CHARMIDÈS.


PLEUSIDIPPE. Quoi ! le drôle a voulu par force, par violence, arracher ma maîtresse de l’autel de Vénus ?

TRACHALION. Précisément.

PLEUSIDIPPE. Que ne le tuais-tu sur place ?

TRACHALION. Je n’avais point d’épée.

PLEUSIDIPPE. Il fallait prendre un bâton, une pierre.

TRACHALION. Me mettre à poursuivre comme un chien, à coups de pierres, même le plus scélérat des hommes ?

LABRAX. Ah ! c’est maintenant que je suis perdu : voici Pleusidippe qui arrive. Il va m’épousseter de façon à ne pas me laisser un grain de poussière.