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SYRA. Mettez-y cette branche de laurier.

DORIPPE. Rentre à présent.

SYRA. J’y vais. (Elle entre.)

DORIPPE. Apollon, je te conjure de donner dans ta bonté la paix, la santé et la sagesse à notre famille ; sois doux et bienveillant pour mon fils.

SYRA, ressortant. Ah ! je suis morte ! malheureuse ! malheureuse !

DORIPPE. Es-tu folle, dis-moi ? qu’as-tu à crier ?

SYRA. Dorippe, ma chère Dorippe !

DORIPPE. Que signifient ces clameurs ?

SYRA. Il y a ici, à la maison, je ne sais quelle femme.

DORIPPE. Comment, une femme ?

SYRA. Une courtisane.

DORIPPE. En vérité ?

SYRA. Vous avez eu bon nez de ne pas rester à la campagne, et il ne faut pas être bien fin pour deviner que c’est une maîtresse de votre paillard de mari.

DORIPPE. Je le crois.

SYRA. Venez avec moi, ma Junon, voir votre Alcmène.

DORIPPE. J’y cours. (Elles entrent.)


SCÈNE II. — LYSIMAQUE.


Démiphon n’était-il pas assez à plaindre d’être amoureux, sans devenir encore dépensier ? Il aurait invité une dizaine de grands personnages, que ce serait encore trop de provisions. Il exhortait les cuisiniers comme le pilote, sur son vaisseau, exhorte les rameurs. Mais j’en ai loué un moi-même, et je suis surpris qu’il ne vienne pas comme je le lui avais dit. Eh ! qui sort de chez nous ? la porte s’ouvre.


SCÈNE III. — DORIPPE, LYSIMAQUE.


DORIPPE, sans voir Lysimaque. Jamais on ne verra, jamais on n’a vu une femme plus à plaindre que moi : quel homme j’ai épousé ! Ah ! infortunée ! Mettez-vous donc, votre personne et vos biens, entre les mains d’un tel mari ! Lui ai-je apporté dix talents de dot pour voir des choses pareilles, pour endurer de pareils affronts ?

LYSIMAQUE. C’est fait de moi ; ma femme est déjà revenue de la campagne ; je crois qu’elle a vu cette fille à la maison. Mais d’ici je ne peux entendre ce qu’elle dit. Approchons.