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DÉMONÈS. L’effronté menace encore, je crois !

LABRAX. On m’a dépouillé de mon droit. Vous m’enlevez deux femmes qui m’appartiennent.

TRACHALION. Prends donc pour juge quelque gros bonnet du sénat de Cyrène, qu’il dise si elles doivent être à toi ou s’il ne faut pas qu’elles soient libres, s’il n’est pas juste de te coffrer et de te tenir sous les verrous jusqu’à ce que tu aies usé ta cage.

LABRAX. Je ne suis pas en train aujourd’hui de faire la conversation avec un pendard. (A Démonès.) C’est à vous que je m’adresse.

DÉMONÈS. Explique-toi d’abord avec lui, il te connaît.

LABRAX. C’est à vous que j’ai affaire.

TRACHALION. C’est à moi qu’il faut avoir affaire cependant. Ces femmes sont-elles à toi ?

LABRAX. Oui.

TRACHALION. Hé bien alors, touches-en une seulement du bout du doigt.

LABRAX. Et après, si je la touche ?

TRACHALION. A l’instant même, ma foi, tu me serviras de ballon, je te suspendrai et mes poings s’escrimeront sur toi, triple drôle.

LABRAX. Je ne pourrais pas emmener mes esclaves de l’autel de Vénus ?

DÉMONÈS. Tu n’en as pas le droit ; c’est la loi chez nous.

LABRAX. Je n’ai rien à démêler avec vos lois, je vais les emmener toutes deux sans plus tarder. Quant à vous, bonhomme, si vous en tenez pour elles, vous n’avez qu’à apporter de l’argent sec.

DÉMONÈS. C’est à Vénus qu’elles ont plu.

LABRAX. Qu’elle les garde donc, pourvu qu’elle donne l’argent.

DÉMONÈS. Qu’elle donne l’argent, à toi ? Eh bien, pour que tu connaisses mes intentions, essaye de leur faire la plus petite niche pour rire, et je te renverrai si bien accommodé que tu ne te reconnaîtras pas toi-même. (Aux esclaves.) Vous, si à mon premier signe vous ne lui arrachez pas les yeux de la tête, je vous ceindrai de verges comme des baguettes de myrte nouées d’osier.

LABRAX. Vous usez de violence envers moi.

TRACHALION. Tu oses parler de violence, abominable drôle ?

LABRAX. Et toi, triple pendard, tu oses me dire des injures ?