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DÉMONÈS. Traînez-le ici par les pieds comme une truie égorgée. (Ils entrent dans le temple.)

TRACHALION, seul. J’entends du bruit. Je me doute qu’on peigne le drôle à coups de poings. S’ils pouvaient seulement faire sauter au coquin toutes les dents des mâchoires !… Mais voici nos jeunes filles qui sortent tout en émoi.


SCÈNE III. — PALESTRA, AMPÉLISCA, TRACHALION.


PALESTRA. C’est maintenant que nous sommes dépourvues de toute ressource, de tout secours, de toute protection, de tout appui ; pas la moindre lueur d’espoir pour nous promettre le salut ; nous ne savons pas même de quel côté nous diriger. Infortunées ! nous sommes toutes les deux glacées de crainte, tant notre maître nous a traitées avec brutalité et violence tout à l’heure, dans ce temple. Le scélérat a repoussé, bousculé de la façon la plus infâme cette vieille prêtresse, et nous a arrachées par violence de la statue du sanctuaire. Aussi, maintenant, dans la position où nous sommes, nous n’avons plus qu’à mourir. La mort est ce que les misérables peuvent trouver de meilleur dans leurs disgrâces.

TRACHALION. Qu’est-ce ? que signifie ce langage ? Et je ne les console pas ? Hé, Palestra !

PALESTRA. Qui m’appelle ?

TRACHALION. Hé, Ampélisca !

AMPÉLISCA. De grâce, qui donc m’appelle ?

PALESTRA. Qui est-ce qui prononce mon nom ?

TRACHALION. En vous retournant, vous le saurez.

PALESTRA. O espoir de mon salut !

TRACHALION. Paix ! et ayez bon courage. C’est moi qui vous le dis.

PALESTRA. Oui, si nous pouvons échapper à une violence assez cruelle pour m’obliger à prendre une résolution violente.

TRACHALION. Ah ! taisez-vous ; vous êtes par trop nigaude.

AMPÉLISCA. Cesse de vouloir me consoler par des paroles.

PALESTRA. Si tu n’as pas sous la main un secours réel, c’en est fait, Trachalion ; je suis résolue à mourir plutôt que de souffrir les brutalités du maître. Et malgré cela je suis femme : quand l’idée de la mort se présente à mon pauvre cœur, l’effroi saisit tous mes membres.

TRACHALION. Quoique le moment soit dur, ayez bon courage.