pour cette année sur une belle récolte de silphium et de benjoin, qui arrive saine et sauve à Capoue, si vous voulez que vos yeux soient toujours préservés de la chassie…
DÉMONÈS. Es-tu fou ?
TRACHALION. Ou si vous espérez recueillir de la graine en abondance, ne refusez pas de me prêter l’appui que je vous demande, vieillard.
DÉMONÈS. Et moi je te conjure partes jambes, tes talons, ton dos, si tu espères pour cette année une ample moisson de baguettes de bouleau et une riche récolte de maux, dis-moi ce qu’il y a, pourquoi tu fais tout ce vacarme.
TRACHALION. Pourquoi me parler mal ? Je ne vous ai souhaité que de bonnes choses.
DÉMONÈS. Je te parle bien, puisque je désire qu’il t’arrive ce que tu mérites.
TRACHALION. De grâce, écoutez-moi.
DÉMONÈS. De quoi s’agit-il ?
TRACHALION. Il y a dans ce temple deux femmes innocentes qui ont besoin de votre secours, que l’on a indignement outragées, que l’on outrage contre le droit et les lois, dans le sanctuaire de Vénus ; on maltraite aussi la prêtresse d’une façon révoltante.
DÉMONÈS. Quel est l’homme assez audacieux pour porter la main sur une prêtresse ? Mais ces femmes qui sont-elles ? en quoi leur fait-on injure ?
TRACHALION. Si vous voulez m’écouter, je vous le dirai. Elles ont embrassé la statue de Vénus, il veut les en arracher. Elles doivent être libres toutes les deux.
DÉMONÈS. Qui est-ce qui fait si peu de cas des dieux ?
TRACHALION. Un être plein de fourberie, de scélératesse, parricide, parjure, ennemi des lois, effronté, éhonté, sans pudeur, en un mot un prostitueur. Qu’est-il besoin d’ajouter ?
DÉMONÈS. Sur mon âme, tu me parles là d’un homme digne de tous les supplices.
TRACHALION. Le coquin a saisi la prêtresse à la gorge.
DÉMONÈS. Cela lui coûtera gros, ma foi… Holà, sortez, Turbalion, Sparax ! où êtes-vous ?
TRACHALION. Entrez, je vous supplie, secourez-les.
DÉMONÈS, à Turbalion et à Sparax. Je ne répéterai pas mes ordres, suivez-moi.
TRACHALION. Allez, et faites-lui arracher les yeux, comme les cuisiniers font aux sèches.