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ACTE III.


SCÈNE I. — DÉMONÈS.


Les dieux se moquent étrangement des hommes et nous envoient d’étranges visions dans notre sommeil. Ils ne nous laissent même pas en repos quand nous dormons. Ainsi moi, la nuit dernière, j’ai fait un rêve singulier et bien absurde. Je voyais un singe qui se démenait pour grimper à un nid d’hirondelles, mais il ne pouvait les tirer de là ; alors il venait à moi et me priait de lui prêter une échelle. Je réponds à ce drôle de singe que les hirondelles sont filles de Philomèle et de Progné, et je le prie de ne pas maltraiter mes concitoyennes. Mais la bête se fâche et me menace. Il m’appelle en justice ; alors, je ne sais comment cela se fait, la moutarde me monte, j’empoigne mon singe à bras-le-corps et je mets en prison cet affreux animal. Qu’est-ce que signifie ce rêve ? J’ai eu beau faire, je n’ai pu le deviner. Mais quels cris dans le temple de Vénus ! Cela me surprend bien.


SCÈNE II. — TRACHALION, DÉMONÈS.


TRACHALION, sortant du temple. Ah ! citoyens de Cyrène, j’implore votre secours. Campagnards, voisins, vous tous qui demeurez près d’ici, venez en aide au malheur, exterminez un infâme, punissez-le ; ne permettez pas que l’impie soit plus puissant que l’innocent qui refuse de se gagner un nom par le crime. Faites un exemple de l’insolence, récompensez la vertu ; qu’on puisse vivre ici sous la loi, à l’abri de la violence. Accourez au temple de Vénus ; j’implore votre secours, vous» qui êtes ici près et entendez mes cris, venez en aide à ceux qui, selon l’usage antique, ont confié leur vie à Vénus et à sa prêtresse ; tordez le cou à l’iniquité, avant qu’elle n’arrive jusqu’à vous.

DÉMONÈS. Qu’y a-t-il donc ?

TRACHALION. Par vos genoux que j’embrasse, je vous conjure, vieillard, qui que vous soyez.

DÉMONÈS. Laisse là mes genoux et explique-moi ce qu’il y a, pourquoi tu fais tant de tapage.

TRACHALION. Je vous prie, je vous implore, si vous comptez