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AMPÉLISCA. Voilà bien des façons pour un service qui ne se refuse pas à un étranger !

SCÉPARNION. Voilà bien des façons aussi pour une complaisance qu’on doit à son compatriote !

AMPÉLISCA. Eh bien, allons, mon cher cœur, vous ferez tout ce que vous voudrez.

SCÉPARNION. Bravo ! parfait ! elle m’appelle déjà son cher cœur. Oui, tu auras de l’eau, tu ne seras pas si tendre pour rien ; donne-moi ta cruche.

AMPÉLISCA. Prenez, et rapportez-la vite, je vous prie.

SCÉPARNION. Attends, je viens dans une minute, mon cher bouton. (Il sort.)

AMPÉLISCA. Que dirai-je à la prêtresse pour être restée si longtemps là ?... Ah ! malheureuse, comme je tremble encore, rien qu’à regarder la mer… Mais, hélas ! que vois-je là-bas sur le rivage ? Mon maître et l’étranger sicilien ; infortunée ! je croyais qu’ils avaient péri tous les deux dans les flots. C’est un surcroît de malheur sur lequel nous ne comptions guère. Mais vite, fuyons dans le temple et avertissons Palestra ; nous nous réfugierons auprès de l’autel avant que ce scélérat vienne nous surprendre. Sauvons-nous : c’est une excellente idée qui me vient là tout à coup !


SCÈNE V. — SCÉPARNION.


Dieux immortels ! je n’aurais jamais soupçonné dans l’eau tant de charmes ! que j’ai eu de plaisir à tirer celle que voici ! Le puits m’a semblé bien moins profond que d’ordinaire. Comme je l’ai puisée sans peine ! Vanité à part, je suis un franc coquin d’avoir entamé aujourd’hui cette amourette… Holà ! ma belle, prenez votre eau ; tenez, emportez-la d’aussi bonne grâce que je l’apporte, pour me faire plaisir. Mais où êtes-vous, friponne ? Allons, prenez la cruche : où êtes-vous donc ?… Elle en tient, ma foi, pour moi, je le pense ; elle se cache, l’espiègle… Où êtes-vous ? Allez-vous enfin prendre la cruche ? où êtes-vous ? C’est assez badiner, allons-y maintenant de bon jeu. Eh bien, prendrez-vous la cruche ? où êtes-vous enfin ?… C’est que je ne la vois ni d’un côté ni de l’autre ; elle se moque de moi. Ma foi, je vais poser sa cruche ici, au beau milieu du chemin. Oui, mais si quelqu’un allait la prendre ? elle est consacrée à Vénus, et cela me ferait une affaire. J’ai grand’peur, ma foi, que la fillette ne m’ait tendu un piége, pour me faire prendre avec un