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ses filles. Et elle se met elle-même à faire chauffer de l’eau pour que nous prenions un bain ! Mais pour ne pas la faire attendre, je vais chercher l’eau où elle m’a dit. (Elle frappe.) Çà, y a-t-il quelqu’un dans cette ferme ? ouvrira-t-on ? se montrera-t-on ?


SCÈNE IV. — SCÉPARNION, AMPÉLISCA.


SCÉPARNION. Qui est-ce donc qui fait une pareille avanie à notre porte ?

AMPÉLISCA. C’est moi.

SCÉPARNION. Hé, la bonne aubaine ! la jolie fille, ma foi !

AMPÉLISCA. Bonjour, l’ami.

SCÉPARNION. Bonjour mille fois, ma charmante.

AMPÉLISCA. Je viens chez vous.

SCÉPARNION. Je vous donnerai l’hospitalité, si vous venez ce soir, selon vos mérites ; car maintenant je ne peux, si matin… Mais qu’est-ce donc, ma mignonne, ma toute belle ?

AMPÉLISCA. Vous me touchez avec un peu trop de sans-gêne.

SCÉPARNION. Grands dieux ! c’est Vénus toute crachée ! Quel œil coquin ! Ah ! le joli corps ! la belle peau mate, brune veux-je dire ! Et la ravissante gorge ! Voyons quelle saveur ont ses baisers !

AMPÉLISCA. Je ne suis pas une fille des rues. Voulez-vous bien ôter votre main ?

SCÉPARNION. Comment, ne pouvez-vous, ma belle, tout doucettement vous laisser caresser un peu ?

AMPÉLISCA. Quand j’aurai le temps, je me prêterai au jeu et à la plaisanterie ; mais pour le quart d’heure, j’ai une commission à faire, et dites-moi oui ou non.

SCÉPARNION. Que souhaitez-vous ?

AMPÉLISCA. En voyant ce que je porte, un garçon d’esprit devinerait ce que je désire.

SCÉPARNION. En voyant ceci, une fille d’esprit devinerait aussi ce que je désire.

AMPÉLISCA. La prêtresse de Vénus m’a dit de venir vous demander de l’eau.

SCÉPARNION. On est grand seigneur, on se l’ait prier, sans cela pas une goutte. Nous avons creusé ce puits à nos risques et périls, avec nos propres outils. Ce n’est qu’à force de caresses qu’on peut obtenir de moi une goutte d’eau.