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Portez-vous bien, pour que vos ennemis ne prennent pas confiance en leurs forces.



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ACTE I


SCÈNE I. - SCÉPARNION.


Dieux immortels ! quel affreux ouragan Neptune nous a envoyé cette nuit ! Le vent a enlevé toute la toiture ; mais bah ! ce n’était pas le vent, c’était plutôt l’Alcmène d’Euripide[1], à la façon dont il a arraché toutes les tuiles. Il nous a ouvert des jours et nous a percé des fenêtres.


SCÈNE II. — PLEUSIDIPPE, DÉMONÈS, SCÉPARNION.


PLEUSIDIPPE, à quelques amis qui l’accompagnent. Je vous ai détournés de vos affaires, et le projet pour lequel-je vous appelais n’a pas réussi : je n’ai pu arrêter ce coquin de marchand dans le port. Mais je ne voulais pas que ma paresse trahit mon espoir, et c’est pour cela, mes amis, que je vous ai retenus si longtemps. Maintenant je viens voir au temple de Vénus, où il m’avait dit qu’il allait faire un sacrifice.

SCÉPARNION, se croyant seul. Si je faisais bien, j’arrangerais ce mortier qui me donne tant de mal.

PLEUSIDIPPE. Je ne sais qui parle là près de moi.

DÉMONÈS, sortant de la maison. Hé ! Scéparmon !

SCÉPARNION. Qui m’appelle ?

DÉMONÈS. Celui qui a donné de l’argent pour toi.

SCÉPARNION. C’est comme si vous disiez que je suis votre esclave, n’est-ce pas, Démonès ?

DÉMONÈS. Il faut beaucoup de mortier, tire beaucoup de terre ; je vois que j’aurai à réparer toute la toiture, car elle reçoit le jour par plus de trous qu’un crible.

PLEUSIDIPPE. Bonjour, père ; bonjour à tous deux.

DÉMONÈS. Bonjour.

SCÉPARNION. Êtes-vous garçon ou fille, pour l’appeler votre père ?

PLEUSIDIPPE. Je suis un homme.

  1. Expression proverbiale. Euripide, dans sa tragédie perdue d’Alcmène, décrivait l’ouragan de la nuit où Alcmène mit au monde les deux jumeaux.