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trop quel ton je dois prendre, badin ou sévère. Mais ce que je porte là[1] m’invite à filer doux, peut-être reste-t-il encore quelque espoir.

PSEUDOLUS. C’est un vaurien qui vient trouver un honnête homme.

SIMON. Que les dieux te bénissent, Pseudolus !… Pouah ! va te pendre.

PSEUDOLUS. Eh ! pourquoi donc me ferais-je du mal ?

SIMON. Qu’as-tu besoin, ivrogne, de venir me roter au nez ?

PSEUDOLUS. Là, doucement, retenez-moi, prenez garde que je ne tombe. Ne voyez-vous pas que je suis tout à fait humecté ?

SIMON. Quelle audace de te promener ainsi en plein jour, ivre, avec une couronne !

PSEUDOLUS. C’est mon plaisir.

SIMON. Comment, ton plaisir ! Tu vas encore me roter au nez ?

PSEUDOLUS. Ce sont de suaves soupirs ; laissez-moi donc.

SIMON. Je crois, ma foi, scélérat, que tu serais capable d’engloutir en une heure les quatre plus belles récoltes des coteaux du Massique.

PSEUDOLUS. Dites dans une heure d’hiver.

SIMON. Tu as raison de me reprendre. Mais voyons, d’où viens-tu si bien lesté ?

PSEUDOLUS. Je me suis arrosé tout à l’heure avec votre fils. Hein ! Simon, comme notre prostitueur a été attrapé ! Comme je suis venu à bout de ce que je vous avais dit !

SIMON. Tu veux rire ? Quel drôle !

PSEUDOLUS. Grâce à moi la belle est libre et à table avec votre fils.

SIMON. Je sais de point en point tes prouesses.

PSEUDOLUS. Que tardez-vous donc à me compter l’argent ?

SIMON. Tu y as droit, j’en conviens. Tiens.

PSEUDOLUS. Vous disiez que vous ne me le donneriez pas, vous me le donnez pourtant ; chargez-le sur mon épaule, et suivez-moi par ici.

SIMON. Sur ton épaule ?

PSEUDOLUS. Oui, vous le voudrez bien, j’en suis sûr.

SIMON. Que pourrais-je bien lui faire ? m’emporter, ainsi mon argent, et se moquer de moi !

PSEUDOLUS. Malheur aux vaincus !

  1. Les vingt mines.