qui ne songent qu’à mener joyeuse vie ; ils mangent, ils boivent, ils font l’amour : ce sont d’autres caractères que vous, qui ne pouvez souffrir de vous donner du bon temps et qui êtes jaloux de ceux qui en prennent.
HARPAX, frappant. Holà ! y a-t-il quelqu’un ?
BALLION. Il s’en va tout droit chez moi.
HARPAX. Holà ! y a-t-il quelqu’un ?
BALLION. Hé, l’ami, qu’est-ce qu’on vous doit ici ? (A part.) Il me laissera ses plumes : je m’y connais, les présages sont bons.
HARPAX. M’ouvrira-t-on ?
BALLION. Hé ! l’homme, avec votre chlamyde, qu’est-ce qu’on vous doit ici ?
HARPAX. Je cherche le maître de la maison, Ballion l’entremetteur.
BALLION. Qui que vous soyez, l’ami, vous pouvez vous épargner la peine de chercher.
HARPAX. Comment cela ?
BALLION. Parce qu’il est ici présent ; vous le voyez et il vous voit.
HARPAX. C’est vous ?
SIMON. Prenez garde, l’homme à la chlamyde, de vous attirer quelque grosse mésaventure ; montrez-lui les cornes, c’est un prostitueur.
BALLION. Oui, mais un honnête garçon. Au lieu que vous, l’homme de bien, à chaque instant on vous chante pouille au tribunal, car vous n’avez pas une obole, si le prostitueur ne vous vient en aide.
HARPAX, à Ballion. Ne pouvez-vous me parler ?
BALLION. Je vous parle. Que voulez-vous ?
HARPAX. Vous faire toucher de l’argent.
BALLION. Si vous en avez à donner, voilà une heure que je tends la main.
HARPAX. Tenez. Il y a là cinq mines d’excellent argent, bien comptées. Mon maître Polymachœroplacidès m’a chargé de vous payer cette dette et de recevoir Phénicie de vos mains.
BALLION. Votre maître ?
HARPAX. Oui.
BALLION. Le militaire ?
HARPAX. Oui.
BALLION. Le Macédonien ?
HARPAX. Oui, vous dis-je.