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BALLION. Je n’en sais rien, ma foi ; regardons où il va, ce qu’il veut.


SCÈNE VII. — HARPAX, SIMON, BALLION.


HARPAX. C’est un drôle, un vaurien que l’esclave qui néglige les ordres de son maître. Ce n’est pas grand’chose non plus que celui qui ne pense pas à faire son devoir, si on ne l’avertit. Ces garnements qui s’imaginent être libres dès qu’ils ont perdu le maître de vue, ils se donnent du bon temps, courent les maisons de filles, mangent ce qu’ils ont, et gardent longtemps le nom d’esclaves : ils n’ont de talent pour rien, s’ils ne se bornent à faire le mal. Jamais je ne les hante, jamais je ne leur parle, jamais je n’ai fait connaissance avec eux. Une fois mon ordre reçu, le maître a beau ne pas être là, je m’imagine toujours qu’il y est ; je le crains absent, pour n’avoir pas à le craindre présent. Mais occupons-nous de ma commission. Ce Syrus, à qui j’ai remis le signe de reconnaissance, m’a laissé tout ce temps à l’auberge ; j’y suis resté selon ses instructions ; il m’avait dit qu’il viendrait me chercher dès que notre homme serait au logis ; mais puisque je ne le vois pas et qu’il ne me fait rien dire, je viens de moi-même pour savoir ce qui en est ; je ne veux pas qu’il se moque de moi. Ce que j’ai de mieux à faire, c’est de frapper et d’appeler quelqu’un de la maison. Je veux que cet homme reçoive son argent et me laisse emmener la femme.

BALLION, à Simon. Hé, hé !

SIMON. Qu’est-ce que tu veux ?

BALLION. Cet homme est à moi.

SIMON. Comment cela ?

BALLION. Parce que c’est une proie qui m’arrive : il cherche une fillette, il a de l’argent. J’ai bien envie de lui donner un premier coup de dent. SIMON. Veux-tu le manger, par hasard ?

BALLION. Oui, tandis qu’il est frais. Quand on le sert, tout chaud, c’est le moment d’avaler. Les gens sages m’appauvrissent, les prodigues me nourrissent et grossissent mon bien ; les braves gens me ruinent, les vauriens me rapportent.

SIMON. Que les dieux te confondent, car tu es trop scélérat !

HARPAX. Allons, je tarde trop à frapper et à m’informer si Ballion est chez lui.

BALLION, à Simon. Ce sont des cadeaux que Vénus me fait, quand elle m’envoie ces paniers percés, ces bourreaux d’argent