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SIMON. Je le voudrais bien, ma foi.

BALLION. Demandez-moi vingt mines s’il s’empare aujourd’hui de la jeune fille ou s’il la donne aujourd’hui à votre fils, comme il lui a dit ; demandez, je vous eu prie en grâce, je grille de les promettre. Et pour que vous sachiez bien que ? le péril est complétement passé, je vous donne encore la fillette par-dessus le marché.

SIMON. Je ne risque rien, il me semble, à conclure cet arrangement. Aux termes de ta promesse, me donneras-tu vingt mines ?

BALLION. Je vous les donnerai.

SIMON. Voilà une bonne affaire faite. Mais as-tu vu notre homme ?

BALLION. Je les ai même vus tous les deux.

SIMON. Qu’est-ce qu’il dit ? qu’est-ce qu’il raconte ? qu’est-ce qu’il chante, dis-moi ?

BALLION. Des sornettes de théâtre, des plaisanteries comme on en adresse dans les comédies aux gens de mon métier, et que les enfants même savent : il m’appelait vaurien, scélérat, parjure.

SIMON. Par ma foi, il n’a pas menti.

BALLION. Je ne me suis pas fâché ; qu’importent les injures quand on n’en fait nul cas et qu’on n’y répond pas ?

SIMON. Et pourquoi n’as-tu pas peur de lui ? c’est là ce que je voudrais savoir.

BALLION. Parce qu’il ne m’enlèvera pas la fille, il ne le peut plus. Je vous disais tantôt, si vous vous en souvenez, que je l’avais vendue à un militaire de Macédoine.

SIMON. Je me rappelle.

BALLION. Eh bien, son valet est venu m’apporter l’argent, et le signe sous un pli cacheté.

SIMON. Après ?

BALLION. Le signe dont j’étais convenu avec le militaire, et il a emmené Phénicie il n’y a qu’un moment.

SIMON. Parles-tu de bonne foi ?

BALLION. Où en prendrais-je ?

SIMON. Prends garde seulement qu’il ne t’ait machiné quelque tour.

BALLION. Avec la lettre et le portrait, je suis sûr de mon affaire. Et même il vient de partir avec elle pour Sicyone.

SIMON. Tant mieux, par Hercule ! Je ne veux pas tarder à faire enrôler Pseudolus dans la colonie du moulin… Mais qu’est-ce que c’est que cet homme à chlamyde ?