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SIMIA. Connaissez-vous quelqu’un dans cette rue ? répondez.

BALLION. Je me connais, moi.

SIMIA. Il y a peu d’hommes aussi avancés que vous ; sur la place, il n’y en a pas un sur dix qui se connaisse.

PSEUDOLUS, à part. Je suis sauvé ; il fait déjà le philosophe.

SIMIA. Je cherche ici un coquin, un ennemi des lois, un parjure, un vaurien.

BALLION, à part. C’est moi qu’il cherche, voilà bien mes surnoms ; il ne lui reste plus que le nom à dire. (Haut.) Comment s’appelle-t-il ?

SIMIA. Ballion.

BALLION, à part. N’avais-je pas deviné ? (Haut.) Je suis celui que vous cherchez, l’ami.

SIMIA. Vous êtes Ballion ?

BALLION. En chair et en os.

SIMIA. A ton costume, tu me fais l’effet d’un perceur de murailles.

BALLION. Si tu me rencontrais la nuit, tu ne jouerais pas des mains, n’est-ce pas ?

SIMIA. Mon maître m’a chargé de mille compliments pour vous. Prenez cette lettre, il m’a dit de vous la remettre.

BALLION. Qui est-ce qui vous a donné cette commission ?

PSEUDOLUS, à part. C’est fuit de moi, le voilà en plein bourbier, il ne sait pas le nom : nous sommes accrochés.

BALLION. Qui est-ce qui m’écrit ? dites.

SIMIA. Regardez l’empreinte, et dites-moi le nom vous-même, que je sache si vous êtes bien Ballion.

BALLION. Voyons la lettre.

SIMIA. Tenez ; reconnaissez le cachet.

BALLION. Oh, oh ! Polymachæroplacidès ? C’est lui tout craché, je le reconnais bien : hé !

SIMIA. Polymachaeroplacidès, c’est bien le nom ; je vois que j’ai remis la lettre en bonnes mains, puisque vous avez dit le nom, Polymachæroplacidès.

BALLION. Comment va-t-il ?

SIMIA. Comme un brave, ma foi, un digne guerrier. Mais lisez vitement, je vous prie, c’est nécessaire, et recevez tout de suite votre argent, et remettez^moi la belle. Il me faut être aujourd’hui même à Sicyone ou périr demain, tant j’ai un maître exigeant.

BALLION. Je le sais, inutile de le dire.

SIMIA. Alors lisez sur-le-champ.