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PSEUDOLUS. Soit ; mais comment vous appelle-t-on ?

HARPAX. Harpax.

PSEUDOLUS. Arrière, Harpax ! vous ne me revenez guère. Vous n’entrez ma foi pas chez nous ; comme cela vous n’agripperez rien[1].

HARPAX. J’ai coutume d’enlever l’ennemi tout vivant du champ de bataille : de là mon nom.

PSEUDOLUS. Je crois bien plutôt que vous enlevez les casseroles de cuivre dans les maisons.

HARPAX. Nullement ; mais savez-vous ce que je vous demanderai, Syrus ?

PSEUDOLUS. Je le saurai si vous le dites.

HARPAX. Je suis descendu hors de la porte, ici, au troisième cabaret, chez une vieille, un vrai tonneau, une grosse bancale, Chrysis.

PSEUDOLUS. Eh bien, après ?

HARPAX. Venez me chercher quand votre maître sera rentré.

PSEUDOLUS. Comme il vous plaira, soit.

HARPAX. Je suis arrivé très-fatigué du voyage, et je veux me refaire.

PSEUDOLUS. Bonne idée, rien de plus raisonnable ; mais arrangez-vous pour que je n’aie pas à courir après vous quand j’irai vous appeler.

HARPAX. Non ; dès que j’aurai cassé une croûte, je dormirai.

PSEUDOLUS. C’est fort bien vu.

HARPAX. Vous n’avez plus rien à me dire ?

PSEUDOLUS. Allez vous coucher.

HARPAX. J’y vais.

PSEUDOLUS. Écoutez, Harpax, dites qu’on vous couvre bien ; vous vous trouverez à merveille d’une bonne suée.


SCÈNE III. — PSEUDOLUS.


Dieux immortels ! l’arrivée de cet homme m’a sauvé ; sa venue me tire de la fausse voie et me remet dans le bon chemin. L'Opportunité elle-même ne pouvait se présenter à moi d’une façon plus opportune que cette lettre qui me tombe à point dans les mains : c’est une corne d’abondance où je trouverai tout ce qui me plaira. C’est une mine de ruses, de fourberies ; intrigues, argent, maîtresse de mon jeune maître, tout cela est là

  1. Harpax est un mot grec qui signifie ravisseur.