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ture que je n’attendais guère. Occupons-nous-en d’abord, et mettons de côté tout ce que nous avions ébauché déjà. Pour sa bienvenue, ma foi, je ferai voir le tour à ce belliqueux messager.

HARPAX. Je vais frapper à la porte et appeler quelqu’un.

PSEUDOLUS. Hé ! l’ami, je veux vous épargner la peine de frapper ; je suis sorti dans l’intention d’intercéder pour cette porte : c’est ma protégée.

HARPAX. Vous êtes Ballion ?

PSEUDOLUS. Non, mais je suis son Sous-Ballion.

HARPAX. Qu’est-ce que cela veut dire ?

PSEUDOLUS. Le dépensier, le pourvoyeur.

HARPAX. Dites donc l’intendant.

PSEUDOLUS. Non pas, l’intendant est sous mes ordres.

HARPAX. Êtes-vous esclave, ou libre ?

PSEUDOLUS. Pour le moment, je suis encore esclave.

HARPAX. C’est ce qui semble, et vous n’avez guère l’air d’être digne de la liberté.

PSEUDOLUS. Vous n’avez donc pas coutume de vous regarder, avant de dire des sottises aux autres ?

HARPAX, à part. Ce doit être un fin drôle.

PSEUDOLUS, à part. Les dieux me protégent et m’aiment. Voici une enclume sur laquelle je forgerai aujourd’hui bien des ruses.

HARPAX, à part. Qu’est-ce qu’il marmotte tout seul ?

PSEUDOLUS. Eh bien, mon brave ?

HARPAX. Qu’y a-t-il ?

PSEUDOLUS. Êtes-vous ou non à ce militaire macédonien qui est venu acheter chez nous une fillette ? Il a payé quinze mines à mon maître et lui en doit encore, cinq.

HARPAX. Oui ; mais d’où-me connaissez-vous, où m’avez-vous vu, où m’avez-vous parlé ? Je n’ai jamais mis le pied à Athènes, et je vous vois aujourd’hui pour la première fois.

PSEUDOLUS. Vous me faites l’effet de venir de sa part ; quand il est reparti, on a fixé ce jour-ci pour le payement qu’il doit nous faire, et il n’a pas encore payé.

HARPAX. Oui, mais voici.

PSEUDOLUS. Vous apportez l’argent ?

HARPAX. Moi-même.

PSEUDOLUS. Donnez donc vite.

HARPAX. A vous ?

PSEUDOLUS. Eh oui, ma foi, à moi, c’est moi qui fais les affaires