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ACTE II.


SCÈNE I. — PSEUDOLUS.


Grand Jupiter, comme tout ce que j’entreprends me réussit à souhait ! Plus d’hésitation, plus de crainte ! tout mon plan est dans ma tête. C’est sottise de confier une grande affaire à un cœur timide. Les choses sont ce qu’on les fait, elles ont l’importance qu’on leur donne. J’ai si bien préparé dans mon esprit un double et triple renfort de ruses et de perfidies que, en toute rencontre avec l’ennemi, fort de la vertu de mes artifices, de mon industrie, de ma malice, de ma rouerie, sans peine je vaincrai, sans peine, grâce à mon adresse, je dépouillerai mes adversaires. Quant à cet ennemi commun, le mien, le vôtre à tous, ce Ballion, je vais joliment le battre en brèche. Faites attention seulement : je veux disposer les approches de façon à emporter la place aujourd’hui même ; je vais donc faire avancer mes légions, et si l’assaut réussit, j’aplanirai la route à mes concitoyens. De là, sans perdre une minute, je ferai marcher mes troupes sur la vieille citadelle. Puis je chargerai, je comblerai de butin mes alliés et moi ; j’enverrai à mes ennemis la peur et la fuite, pour leur apprendre qui je suis, de quelle race je sors. Il me sied de faire des actions d’éclat, dont la gloire dure de longues années après moi… Mais que vois-je là ? qu’est-ce que cet inconnu qui s’offre à mes yeux ? Je suis curieux de savoir ce qu’il cherche avec son coutelas. Cachons-nous par ici pour surprendre ses intentions.


SCÈNE II. — HARPAX, PSEUDOLUS.


HARPAX. Voilà bien l’endroit, le quartier qu’il m’a indiqué, autant que j’en puis croire mes yeux. Mon maître le militaire m’a dit la septième maison à partir de la porte ; c’est là que demeure le marchand à qui il m’envoie porter le signe et cet argent. Je voudrais bien trouver quelqu’un pour m’enseigner au juste le logis de ce Ballion.

PSEUDOLUS, à part. Chut ! silence ! silence ! je le tiens, si je ne suis abandonné de tout ce qu’il y a de dieux et de déesses. Mais il me faut une combinaison nouvelle, car voilà une aven-