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avec vous ; mais me prier, sans argent, d’avoir pitié de vous, c’est comme si vous chantiez. C’est mon dernier mot ; ainsi, avisez à ce que vous devez faire.

CALIDORE. Tu t’éloignes ?

BALLION. Je suis accablé d’affaires.

PSEUDOLUS, à part. Tu en auras bien d’autres tout à l’heure. (Ballion s’en va.) Je le tiens, à moins que les dieux et les hommes ne m’abandonnent à la fois. Je le désosserai comme un cuisinier désosse une lamproie… A présent, Calidore, j’ai besoin d’un coup de main.

CALIDORE. Qu’ordonnes-tu ?

PSEUDOLUS. Je veux mettre le siége devant cette place (il montre la maison de Simon) et la prendre aujourd’hui même. Pour cela il me faut un homme malin, adroit, fin, habile, qui exécute ce que je lui dirai et qui ne dorme pas les yeux ouverts.

CALIDORE. Parle, que veux-tu faire ?

PSEUDOLUS. Je vous mettrai bientôt au courant ; je ne veux pas dire deux fois les choses, les comédies sont bien assez longues comme cela.

CALIDORE. Tu as tout à fait raison, rien de plus juste.

PSEUDOLUS. Hâtez-vous, amenez-moi mon homme. Entre beaucoup d’amis, il y en a peu sur qui on puisse compter.

CALIDORE. Je sais cela.

PSEUDOLUS. Retournez-vous donc pour faire votre choix ; prenez entre tous un homme bien sûr.

CALIDORE. Il sera ici tout à l’heure.

PSEUDOLUS. Allez ; autant de paroles, autant d’instants perdus.


SCÈNE IV. — PSEUDOLUS.


Il est parti et te voilà seul, Pseudolus. Que vas-tu faire maintenant, après avoir comblé de si belles promesses le fils de la maison ? Où sont tes moyens ? Tu n’as rien de prêt, pas de plan arrêté, pas l’ombre d’une obole. Que faire ? tu ne sais par quel bout t’y prendre, dans quel sens ourdir la trame. Mais le poëte, quand il saisit ses tablettes, cherche ce qui n’existe dans aucun coin du monde ; il trouve pourtant, et il donne une couleur vraisemblable à ce qui n’est que mensonge. Eh bien donc je me ferai poëte à mon tour, et ces vingt mines qui ne sont qu’une chimère, je les déterrerai. Voilà longtemps que j’ai promis de les lui donner. Je voulais jeter mon filet sur notre vieillard, mais, je ne sais comment cela se fait, il s’en est douté.