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PSEUDOLUS. Pourquoi pas ?

BALLION. Te faire crédit ! autant vaudrait, ma foi, attacher avec des tripes d’agneau une chienne coureuse.

CALIDORE. C’est donc ainsi que tu reconnais mes bienfaits ?

BALLION. Que voulez-vous de moi ?

CALIDORE. Que tu attendes six jours, quand ce ne serait que cela, que tu ne la vendes pas, que tu ne mettes pas un amoureux au désespoir.

BALLION. Tranquillisez-vous : j’attendrai même bien six mois.

CALIDORE. Bravo ! ah le galant homme !

BALLION. Voulez-vous même que je double encore votre joie ?

CALIDORE. Comment ?

BALLION. Phénicie n’est pas à vendre.

CALIDORE. Non ?

BALLION. Non ma foi.

CALIDORE. Pseudolus, va chercher des victimes, petites, grandes, et des victimaires, je veux offrir un sacrifice à cet auguste Jupiter, car il est dès à présent pour moi bien plus Jupiter que Jupiter lui-même.

BALLION. Point de grandes victimes ; je veux qu’on m’honore avec la chair des agneaux.

CALIDORE. Va, bouge donc ; amène des agneaux : n’entends-tu pas Jupiter ?

PSEUDOLUS. Je reviens à l’instant ; mais il faut que je coure d’abord hors de la porte Métia[1].

CALIDORE. Pourquoi cela ?

PSEUDOLUS. J’y prendrai deux victimaires avec des clochettes Par la même occasion je rapporterai deux troupeaux de baguettes d’ormes, pour faire des offrandes à Jupiter jusqu’à ce qu’il en ait son soûl. Puis le Jupiter des entremetteurs ira au carcan.

BALLION. Ce n’est pas ton intérêt que je meure.

PSEUDOLUS. Pourquoi ?

BALLION. Je vais te le dire : c’est que, ma foi, tant que je serai de ce monde, tu ne seras jamais un honnête garçon.

PSEUDOLUS. Ce n’est pas non plus ton intérêt que je meure.

BALLION. Pourquoi ?

PSEUDOLUS. Voici : si je venais à mourir, il n’y aurait pas dans tout Athènes pire garnement que toi.

  1. C’était le quartier des bouchers.