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sances, de se défier de moi aujourd’hui, de ne me croire en rien.

CALIDORE. Paix ! tais-toi, je te prie.

PSEUDOLUS. Qu’y a-t-il ?

CALIDORE. La porte de Ballion crie.

PSEUDOLUS. Si seulement c’étaient ses jambes !

CALIDORE. Le voilà lui-même qui sort, le mauvais drôle.


SCÈNE II. — BALLION, QUATRE ESCLAVES, PSEUDOLUS, CALIDORE.


BALLION, aux esclaves[1]. Sortez ! allons, sortez, garnements, fléaux d’un maître, ruineuse emplette, qui n’avez jamais l’idée de bien faire, et dont on ne peut jamais jouir à moins de s’y prendre comme cela. (Il leur donne des coups.) Je n’ai jamais vu de pareils ânes à deux pieds, tant ils ont les côtes endurcies aux coups. Battez-les, vous vous faites plus de mal qu’à eux ; ils sont d’un tempérament ! le fouet s’use sur leur dos. Ils n’ont qu’une chose dans la tête : si tu trouves ta belle, vole, filoute, attrape, agrippe, bois, mange, sauve-toi, c’est là tout ce qu’ils savent faire. Mieux vaudrait mettre le loup dans la bergerie que d’avoir chez soi de semblables gardiens. Avoir leur face, on ne les croirait pas malins ; mais à l’œuvre, comme on est trompé ! Ça, si vous ne faites tous attention à mes ordres, si vous ne chassez de vos yeux et de votre cœur le sommeil et la paresse, je prends des étrivières et vous travaille les flancs de façon à vous les bigarrer du haut en bas ; on y verra plus de dessins que sur une : tenture de Campanie ou sur la pourpre à ramages des tapisseries alexandrines. Hier je vous avais prévenus, j’avais donné à chacun son emploi : mais vous êtes si vauriens, si fainéants, si mauvais drôles, qu’il faut vous rappeler au devoir à coups de fouet. Puisque vous êtes comme cela, tâchez donc d’être plus durs que lui (Il montre son fouet) et que moi. Mais voyez un peu où ils ont la tête ! attention, qu’on m’écoute. Ouvrez l’oreille à ce qu’on vous dit, gibiers de potence. Jamais, ma foi, votre cuir ne sera plus dur que cette maîtresse lanière. (Il les bat.) Eh bien, cela se sent-il ? Tenez, c’est comme cela qu’on y va, quand l’esclave fait fi du maître. Avancez tous, devant moi, et ne perdez pas une de mes paroles… Toi qui tiens la cruche,

  1. Ce monologue était un des triomphes de Roscius.