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la prête ? N’irez-vous pas vous pendre tout exprès pour me faire tort de la drachme que vous me devrez ?

CALIDORE. A aucun prix je ne consentirai à vivre, si on me sépare d’elle, si on l’emmène loin de moi.

PSEUDOLUS. Pourquoi pleurer, triste coucou ? vous vivrez.

CALIDORE. Mais aussi, comment ne pas pleurer, quand je niai pas un denier vaillant, pas une obole à espérer au monde ?

PSEUDOLUS. Autant que je peux comprendre le langage de cette lettre, si vous ne lui versez des larmes d’argent, ces pleurs par lesquels vous voulez prouver votre tendresse lui feront absolument le même effet que si vous jetiez de l’eau dans un crible. Mais, pauvre amoureux, ne craignez rien, je ne vous abandonnerai pas. J’espère trouver aujourd’hui même par quelque moyen, bon ou mauvais, de l’argent pour vous aider.

CALIDORE. Où cela ?

PSEUDOLUS. Où ? je serais bien en peine de le dire ; mais ce sera ainsi, je le sens à mon sourcil qui tressaille.

CALIDORE. Ah ! plaise aux dieux que l’effet réponde aux-paroles !

PSEUDOLUS. Vous savez, ma foi, quand j’entre en campagne, comme je m’entends à mettre tout sens dessus dessous.

CALIDORE. Toutes les espérances de ma vie sont en toi.

PSEUDOLUS. Serez-vous content si je fais qu’aujourd’hui votre belle vous appartienne, ou si je vous donne vingt mines ?

CALIDORE. Oui certes, si tu en viens à bout.

PSEUDOLUS. Demandez-moi donc vingt mines, pour que vous voyiez que je suis en état de tenir mes promesses. Çà, voyons, demandez ; je grille de promettre.

CALIDORE. Veux-tu me donner aujourd’hui vingt mines d’argent ?

PSEUDOLUS. Oui, et ne m’importunez plus. Et pour que vous ne prétendiez pas que vous n’étiez pas averti, je vous préviens que, si je ne peux pas trouver d’autre dupe, c’est votre père lui-même que je mettrai dedans.

CALIDORE. Que tous les dieux te bénissent ; mais, si c’est possible, je te prie, en bon fils, de ne pas épargner ma mère.

PSEUDOLUS. Pour cela, vous pouvez dormir sur les deux yeux.

CALIDORE. Sur les deux yeux ou sur les deux oreilles ?

PSEUDOLUS. Oh ! c’est trop commun… Et maintenant, pour que nul ne prétende en ignorer, je préviens tout le monde, en présence de la jeunesse ici rassemblée, public, amis, connais-