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CALIDORE. Je le veux bien ; il me semble que je m’entretiens avec elle ; lis, tu me verses à la fois l’absinthe et le miel.

PSEUDOLUS. «  Et maintenant nos amours, nos habitudes, notre commerce, jeux, plaisirs, causeries, suaves baisers, étroites étreintes de deux corps passionnés, douces morsures de mignonnes lèvres, frémissements d’un sein gonflé de volupté,, pour moi, pour toi aussi, toutes ces jouissances sont perdues, détruites, anéanties, si nous ne trouvons, moi en toi, toi en moi, le salut. Tout ce que je savais, j’ai voulu te le faire savoir. Je verrai maintenant si tu m’aimes ou si tu fais semblant de m’aimer. Adieu. »

CALIDORE. Pseudolus, que cette lettre est touchante !

PSEUDOLUS. Oh ! très-touchante.

CALIDORE. Et tu ne pleures pas ?

PSEUDOLUS. J’ai des yeux de roc ; je ne puis leur faire suer une seule larme.

CALIDORE. Comment cela ?

PSEUDOLUS. Dans notre famille on a toujours eu les yeux secs.

CALIDORE. Ne veux-tu donc pas m’aider ?

PSEUDOLUS. Que puis-je faire pour vous ?

CALIDORE. Hélas !

PSEUDOLUS. Oh ! pour des hélas, ma foi, ne m’épargnez pas, je vous en donnerai.

CALIDORE. Je suis bien à plaindre ; je ne trouve point d’argent à emprunter, Pseudolus.

PSEUDOLUS. Hélas !

CALIDORE. Et pas une obole à la maison.

PSEUDOLUS. Hélas !

CALIDORE. Demain on me l’emmènera.

PSEUDOLUS. Hélas !

CALIDORE. Est-ce ainsi que tu me viens en aide ?

PSEUDOLUS. Je donne ce que j’ai. Des hélas, c’est un trésor dont la source chez moi ne tarit jamais.

CALIDORE. C’est fait de moi aujourd’hui ; mais ne peux-tu me prêter une pauvre drachme que je te rendrais demain ?

PSEUDOLUS. J’aurais beau, je crois, me mettre moi-même en gage. Mais que voulez-vous faire d’une drachme ?

CALIDORE. Acheter une corde.

PSEUDOLUS. Pour quoi faire ?

CALIDORE. Pour me pendre. J’y suis décidé, avant la nuit je me plongerai dans la nuit.

PSEUDOLUS. Eh alors, qui me rendra ma drachme, si je vous