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PSEUDOLUS. Est-ce donc, dites-moi, que les poules aussi ont des mains ? C’est une poule qui a écrit cela.

CALIDORE. Tu es assommant. Lis-les, ou rends-les-moi.

PSEUDOLUS. Non, je les lirai d’un bout à l’autre. Attention.

CALIDORE. Je n’ai pas l’esprit présent.

PSEUDOLUS. Citez-le à comparaître.

CALIDORE. Non, je me tairai ; fais ta sommation à ces tablettes : c’est là qu’est mon esprit pour le quart d’heure, et non dans ma tête.

PSEUDOLUS. Je vois votre bonne amie, Calidore.

CALIDORE. Où est-elle, de grâce ?

PSEUDOLUS. La voici tout de son long sur ces tablettes ; elle est couchée sur la cire.

CALIDORE. Que les dieux et les déesses te…

PSEUDOLUS. Qu’ils me comblent de biens.

CALIDORE. Comme l’herbe que voit naître le solstice, j’ai existé un moment ; tout à coup je vois le jour, et tout à coup je péris.

PSEUDOLUS. Taisez-vous au moins, tandis que je lis.

CALIDORE. Lis donc.

PSEUDOLUS. « Phénicie à son amant Calidore. Par cette cire, ce lin, ces lettres, mes interprètes, je te salue et réclame ton salut, pleurante et toute éperdue de cœur, d’âme et d’esprit. »

CALIDORE. Je n’en puis plus, Pseudolus ; je ne trouve nulle part de salut à lui rendre.

PSEUDOLUS. Quel salut ?

CALIDORE. De l’argent.

PSEUDOLUS. Comment, pour un salut sur du bois vous rendriez un salut en argent ? Un beau commerce, ma foi.

CALIDORE. Lis toujours : tu verras assez par ces tablettes quel pressant besoin j’ai de trouver de l’argent.

PSEUDOLUS. « Mon maître m’a vendue vingt mines à un militaire macédonien pour aller à l’étranger, mon cher cœur. Avant de partir, le militaire a versé quinze mines, et il n’en reste plus que cinq à payer. Il a laissé ici un signe, une empreinte de son portrait qui est gravé sur son cachet, et l’on doit me faire partir avec celui qui viendra présenter un signe semblable. Le jour est déjà fixé ; c’est la prochaine fête de Bacchus. »

CALIDORE. C’est demain : le moment de ma perte est arrivé, si je ne trouve en toi quelque secours.

PSEUDOLUS. Laissez-moi achever.