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du vin et la joyeuse ivresse, les grâces, la beauté, la gaieté, y chercher autre chose, c’est vouloir s’attirer une méchante affaire. Débarrassez-vous à présent de toutes inquiétudes pour jouir d’une pleine liberté d’esprit ; sans quoi il vaut mieux se lever et s’en aller. Une longue comédie de Plaute va paraître en scène.


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ACTE I.


SCÈNE I. — PSEUDOLUS, CALIDORE.


PSEUDOLUS. Si votre silence, mon maître, pouvait m’apprendre quels chagrins vous minent si misérablement, j’épargnerais volontiers une peine à deux personnes, à moi celle de vous interroger, à vous celle de me répondre. Mais puisque cela ne se peut, la nécessité m’oblige à vous questionner. Répondez-moi donc : pourquoi depuis tant de jours déjà cet abattement, ces tablettes que vous portez avec vous, que vous arrosez de vos larmes, sans ouvrir votre cœur à qui que ce soit ? Parlez, que je sache avec vous ce que j’ignore encore.

CALIDORE. Je suis bien malheureux, Pseudolus !

PSEUDOLUS. Que Jupiter vous en préserve !

CALIDORE. Cela ne dépend pas de Jupiter : c’est sous l’empire de Vénus que je souffre, et non sous le sien.

PSEUDOLUS. Puis-je savoir de quoi il est question ? Jusqu’à présent vous m’avez toujours initié à tous vos secrets.

CALIDORE. Je n’ai pas changé de sentiments à ton égard.

PSEUDOLUS. Allons, dites-moi ce que vous avez. Je vous aiderai de ma bourse ou de mes services ou d’un bon conseil.

CALIDORE. Prends ces tablettes, et raconte-toi à toi-même les soucis et les peines qui me consument.

PSEUDOLUS. J’obéis ; mais qu’est-ce à dire ?

CALIDORE. Quoi donc ?

PSEUDOLUS. On dirait que ces lettres veulent faire des petits ; elles montent l’une sur l’autre.

CALIDORE. Encore tes plaisanteries !

PSEUDOLUS. Ma foi, à moins qu’une sibylle ne les déchiffre, je crois que personne n’y verra que du feu.

CALIDORE. Comment peux-tu traiter si brutalement ces lettres charmantes, ces charmantes tablettes, écrites par une charmante main ?