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PSEUDOLUS.




PROLOGUE[1]..

Accordez-moi aujourd’hui une attention favorable : je vous apporte d’heureux présages ; car il me paraît très-juste d’annoncer de bonnes choses à des gens de bien, et de mauvaises aux méchants, afin que ceux-ci n’éprouvent que du mal, et ceux-là, que le bien dont ils sont dignes. Les méchants sont méchants parce qu’ils haïssent les bons, et les bons ne sont tels que par la haine qu’ils ont pour les méchants. Ainsi, spectateurs, vous êtes, bons, parce que vous avez été constamment ennemis des méchants, que vous les avez éloignés de vous par la force des lois et par la valeur de vos légions, qui les ont combattus avec un brillant succès. Vous donc, Romains, qui êtes bons, accordez aussi une bonne attention à cette- troupe assez bonne, qui va offrir aujourd’hui de bonnes choses à de bonnes gens. Vos oreilles, vos yeux, votre esprit, n’auront rien à désirer. Si quelqu’un est venu ici à jeun ou bien altéré, ayant le ventre creux, il ne lui prendra envie ni de rire, ni de dormir ; il sera bien éveillé ; et les affamés, en voyant rire de bon cœur ceux qui auront copieusement diné, ne pourront s’empêcher de mordre. Maintenant, si vous faites bien, vous autres qui êtes à jeun, retirez-vous, allez-vous-en ; pour vous qui êtes rassassiés, restez debout, ou plutôt asseyez-vous et écoutez attentivement. Je ne vous dirai à présent ni le nom ni le sujet de cette comédie ; Pseudolus vous l’apprendra suffisamment ; il suffit, si j’ai bien calculé, de vous avoir dit ce que je vous ai dit ; car dans une pièce où se trouvent les jeux, les ris, l’agrément, les effets

  1. Nous empruntons à Levée la traduction de ce prologue, dont les deux derniers vers seulement sont admis comme pouvant être de Plaute.