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HANNON. Venez donc, si vous voulez venir.

ADELPHASIE. Qu’est-ce que nous vous avons fait ?

HANNON. Vous êtes deux voleuses.

ADELPHASIE. Nous ?

HANNON. Oui, vous.

AGORASTOCLÈS. Et je sais que c’est vrai.

ADELPHASIE. Qu’est-ce que nous avons pris ?

AGORASTOCLÈS, montrant Hannon. Demandez-le-lui.

HANNON. Depuis bien des années, vous avez recelé mes filles, des enfants libres, de bonne naissance, de grande famille.

ADELPHASIE. Ah ! par Castor, vous ne nous convaincrez jamais d’une pareille infamie.

AGORASTOCLÈS. Gageons, si vous ne mentez pas, à qui donnera un baiser à l’autre.

ADELPHASIE. Je n’ai rien à démêler avec vous ; retirez-vous, je vous prie.

AGORASTOCLÈS. Si fait, c’est à moi qu’il faut que vous ayez affaire. Voici mon oncle, je dois prendre sa cause en main. Je lui dénoncerai tous les vols que vous faites, comment vous avez chez vous ses filles en servitude, quand vous savez que ce sont des enfants libres, qu’on a volés dans leur pays.

ADELPHASIE. Où sont-elles ? qui sont-elles ? dites-moi.

AGORASTOCLÈS, à Hannon. Nous les avons assez mises aux champs.

HANNON. Je parlerai donc.

AGORASTOCLÈS. C’est mon avis, mon cher oncle.

ADELPHASIE. Je suis toute saisie, cette affaire m’inquiète, ma sœur. J’en demeure pétrifiée.

HANNON. Écoutez-moi, jeunes filles. D’abord, s’il était possible que les dieux n’envoyassent jamais le malheur à qui ne le mérite point, je serais satisfait ; mais pour le bonheur qu’ils me donnent, ainsi qu’à vous et à votre mère, nous leur devons d’éternelles actions de grâces ; les immortels reconnaissent et honorent ainsi notre piété. Vous êtes mes deux filles et voici votre cousin, le fils de mon frère, Agorastoclès.

ADELPHASIE, à Antérastile. Dis-moi, ne nous font-ils pas une fausse joie ?

AGORASTOCLÈS. Ah ! puissé-je être aimé des dieux, aussi vrai que c’est votre père. Vos mains ?

ADELPHASIE. Salut, ô mon père, que nous n’espérions pas revoir ; souffrez que nous vous embrassions.

ANTÉRASTILE. Salut, mon père, tant regretté, tant désiré :