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hôte. Je ne renie pas l’hospitalité, ni Carthage non plus ; c’est ma ville natale.

HANNON. Que tous les dieux comblent tous vos vœux ! Mais à propos, comment peut-il se faire que vous soyez né a Carthage et que vous ayez eu ici un père étolien ?

AGORASTOCLÈS. On m’a enlevé de là-bas ; Antidamas, votre hôte, m’a acheté et m’a adopté pour fils.

HANNON. Il avait été lui-même adopté par Démarque. Mais laissons-le et revenons à vous : dites-moi, vous rappelez-vous les noms de vos parents ?

AGORASTOCLÈS. Je me souviens de ceux de mon père et de ma mère.

HANNON. Dites-les-moi, pour voir si je les connais par hasard ou s’il sont de ma famille.

AGORASTOCLÈS. Ma mère se nommait Ampsigura, et mon père Jachon.

HANNON. Oh ! comme je voudrais que ce père et cette mère vécussent encore !

AGORASTOCLÈS. Ils sont donc morts ?

HANNON. Oui, et j’en ai eu bien du chagrin. Ampsigura votre mère était ma cousine, votre père était mon cousin, et en mourant il m’a fait son héritier. Ah ! cette perte m’est bien sensible. Mais si en effet vous êtes le fils de Jachon, vous devez avoir un signe à la main gauche où, tout petit encore, en jouant, vous fûtes mordu par un singe. Montrez, que je regarde, découvrez.

AGORASTOCLÈS. Tenez, la voici. Bonjour, mon oncle.

HANNON. Bonjour, Agorastoclès. En te retrouvant il me semble que je renais à la vie.

MILPHION. Ma foi, je me réjouis de votre bonheur à tous deux. (A Hannon.) Ne voulez-vous pas écouter un conseil ?

HANNON. Si fait.

MILPHION. Il faut rendre au fils les biens paternels. Il est de toute justice qu’il ait ce qu’a possédé son père.

HANNON. Je ne demande pas mieux ; on lui rendra tout. Je lui remettrai sa fortune, et en bon état, s’il vient au pays.

MILPHION. Rendez-la-lui tout de même, quand il resterait ici.

HANNON. Et il aura encore mon bien s’il m’arrive quelque accident.

MILPHION. Une drôle d’idée qui me passe par l’esprit.

HANNON. Qu’est-ce ?

MILPHION. J’ai besoin de votre aide.