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LYCUS. Elles se portent comme vous le souhaitez, mais ce n’est pas pour votre nez.

AGORASTOCLÈS. Envoie-moi, je te prie, ton Adelphasie aujourd’hui, pour célébrer cette belle et grande fête de Vénus.

LYCUS. N’avez-vous pas mangé votre dîner trop chaud ? dites-moi.

AGORASTOCLÈS. Pourquoi cela ?

LYCUS. C’est pour vous rafraîchir la bouche que vous me faites cette demande.

AGORASTOCLÈS. Attention, mauvais marchand : on m’a dit qu’un esclave à moi est chez toi en ce moment.

LYCUS. Chez moi ? je vous défie bien de le prouver.

AGORASTOCLÈS. Tu mens : il est venu chez toi et il a apporté de l’or. Je tiens le fait de gens en qui j’ai confiance.

LYCUS. Vous êtes malin, vous venez avec des témoins pour me prendre. Mais je n’ai chez moi ni rien ni personne qui soit à vous.

AGORASTOCLÈS. Souvenez-vous de cela, témoins.

UN TÉMOIN. Nous nous en souviendrons.

LYCUS. Ha, ha, ha, j’y suis, je vois ce que c’est. Ces braves gens qui m’ont amené tout à l’heure l’étranger de Sparte, enragent à présent à l’idée que je vais gagner les trois cents philippes. Ils savent que le voisin est mal avec moi, et ils me le détachent pour soutenir qu’un esclave à lui est descendu chez moi avec de l’or : ils ont dressé leurs batteries pour me faire tort de la somme et se la partager entre eux. Ils se sont mis entête d’arracher l’agneau au loup[1]) ; chansons !

AGORASTOCLÈS. Ainsi donc tu nies que tu aies chez moi mon or et mon esclave ?

LYCUS. Je le nie, et je le nierai jusqu’à m’enrouer, s’il le faut.

UN TÉMOIN. Tu es perdu, l’ami : c’est son fermier que nous t’avons fait passer pour un Spartiate et qui vient d’apporter chez toi les trois cents philippes. Et même la somme est là dans cette bourse.

LYCUS. Malheur à vous !

UN TÉMOIN. C’est ton malheur à toi qui s’apprête.

AGORASTOCLÈS. Allons, pendard, lâche cette bourse à l’instant ; je te prends en flagrant délit de vol. (Aux témoins.) Assistez-moi, je vous prie, tandis que je fais sortir mon esclave de chez lui. (Il entre chez Lycus.)

  1. Il joue sur son nom de Lycus.