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MILPHION. Fais seulement en sorte de bien posséder ton rôle pour jouer la pièce.

COLLYBISCUS. Oh ! ma foi, je le sais mieux que nos tragédiens et nos comédiens.

MILPHION. Tu es un joli garçon.

AGORASTOCLÈS. Approchons… Voici les témoins.

MILPHION. Vous ne pouviez amener une troupe plus propre à nous aider. Ils ne sont pas gens à chômer les fêtes, on ne voit qu’eux aux comices, ils n’en bougent pas, on les y trouve plus souvent que le préteur. Ceux qui enfantent des procès sont moins consommés qu’eux dans la chicane ; s’il n’y en a pas, ils en sèment.

UN TÉMOIN. Que les dieux t’exterminent.

MILPHION. Mais vous, ma foi… je vous estime tous tant que vous êtes ; vous vous comportez en braves, de venir servir les amours de mon maître. (A Agorastoclès.) Savent-ils de quoi il s’agit ?

AGORASTOCLÈS. Oui, on ne peut mieux.

MILPHION. Alors écoutez-moi. Vous connaissez cet infâme Lycus ?

UN TÉMOIN. Fort bien.

COLLYBISCUS. Mais moi je ne sais quelle est sa figure. Il faudra me le dépeindre.

UN TÉMOIN, à Milphion. C’est bon. La leçon est assez faite.

AGORASTOCLÈS, montrant Collybiscus. Celui-ci aies trois cents pièces bien comptées.

UN TÉMOIN. Nous avons besoin de voir la somme, Agorastoclès, pour savoir ce que nous dirons quand nous rendrons témoignage.

AGORASTOCLÈS. Eh bien, regardez : c’est de l’or.

COLLYBISCUS. Oui, spectateurs, de l’or de comédie. Avec cet or[1], quand il a trempé, on engraisse les bœufs en Italie. Mais pour notre comédie ce sont des philippes.

UN TÉMOIN. Nous ferons semblant de les prendre pour tels.

COLLYBISCUS. Faites semblant aussi de me prendre pour un étranger.

UN TÉMOIN. Oui, et pour un étranger débarqué d’aujourd’hui, qui nous a priés de lui enseigner un endroit de liberté et de plaisir, pour faire l’amour, boire, se mettre en goguette.

MILPHION. Ah ! les malins compères !

  1. Des lupins, qui servaient de monnaie au théâtre,