donné trois cents philippes à votre fermier Collybiscus pour les porter chez ce marchand votre ennemi, et comment il doit faire semblant d’être un étranger venu d’une autre ville. Dès qu’il y sera, vous viendrez réclamer votre esclave avec votre argent.
AGORASTOCLÈS. Voilà une mémoire parfaite : vous êtes mes sauveurs.
UN TÉMOIN. Il niera, il pensera que c’est Milphion que vous cherchez : cela le fera condamner au double de la somme volée, et le préteur vous adjugera sa personne. C’est pour cela que vous nous appelez en témoignage.
AGORASTOCLÈS. Vous avez saisi l’affaire.
UN TÉMOIN. Oh ! ma foi, seulement du bout des doigts, tant elle est petite.
AGORASTOCLÈS. Il faut nous mettre vitement à la besogne : hâtez-vous tant que vous pourrez.
UN TÉMOIN. Bonsoir alors : vous deviez choisir des témoins plus agiles ; nous autres, nous sommes lents.
AGORASTOCLÈS. Vous marchez très bien, mais ma foi, vous parlez très mal. Je voudrais que vos cuisses vous soient tombées aux talons.
UN TÉMOIN. Et à vous, votre langue aux reins et vos yeux par terre.
AGORASTOCLÈS. Vous avez tort de prendre feu comme cela pour une plaisanterie.
UN TÉMOIN. Vous avez tort de chanter pouille à vos amis par plaisanterie.
AGORASTOCLÈS. Laissez cela. Vous savez ce que je désire ?
UN TÉMOIN. Parfaitement : vous voulez perdre votre marchand.
AGORASTOCLÈS. Vous avez saisi l’affaire. Mais voici Milphion et le fermier qui sortent à point nommé. Il est merveilleusement costumé pour faire réussir notre ruse.
SCÈNE II. — MILPHION, COLLYBISCUS, AGORASTOCLÈS, LES TÉMOINS.
MILPHION, à Collybiscus. Sais-tu bien ta leçon par cœur ?
COLLYBISCUS. On ne peut mieux.
MILPHION. Tâche de marcher droit.
COLLYBISCUS. A quoi bon tant de paroles ? J’irai plus droit qu’un sanglier dans le fourré.