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s’est arrêté le militaire qui m’en a fait cadeau ? je l’avais invité à dîner… Ah ! le voici.

ANTHÉMONIDÈS. Je te disais donc, mon petit maquignon, que dans cette bataille ptérornithique[1] j’ai tué en un seul jour, de mes propres mains, soixante mille hommes volants.

LYCUS. Ah ! des hommes volants ?

ANTHÉMONIDÈS. Oui vraiment.

LYCUS. Y a-t-il donc quelque part des hommes volants ?

ANTHÉMONIDÈS. Il y en a eu, mais je les ai exterminés.

LYCUS. Comment avez-vous fait ?

ANTHÉMONIDÈS. Je vais te le dire : j’avais donné à mes soldats de la glu et des frondes ; ils garnissaient l’intérieur avec des feuilles de tussilage.

LYCUS. Pour quoi faire ?

ANTHÉMONIDÈS. Pour empêcher la glu de s’attacher aux frondes.

LYCUS. Continuez. Vous mentez, ma foi, à ravir. Et qu’arriva-t-il ?

ANTHÉMONIDÈS. Ils mettaient dans les frondes de grosses balles de glu que je leur faisais lancer aux hommes volants. Bref, tous ceux qu’ils atteignaient tombaient à terre, dru comme des poires. À mesure qu’il en tombait un, vite je le tuais, comme un pigeon, en lui enfonçant une de ses plumes dans la cervelle.

LYCUS. Si l’aventure est vraie, je consens, ma foi, que Jupiter me condamne à sacrifier toujours sans rencontrer-une victime propice.

ANTHÉMONIDÈS. Tu ne me crois pas ?

LYCUS. Je vous crois comme on doit me croire moi-même. Mais entrons, tandis qu’on rapporte les chairs.

ANTHÉMONIDÈS. Je veux te raconter encore une bataille.

LYCUS. Je n’y tiens pas.

ANTHÉMONIDÈS. Écoute.

LYCUS. Non, ma foi.

ANTHÉMONIDÈS. Je te casse la tête si tu ne m’écoutes ou si tu ne vas te pendre.

LYCUS. J’aime mieux me pendre.

ANTHÉMONIDÈS. C’est bien décidé ?

LYCUS. Oui.

ANTHÉMONIDÈS. Alors, puisque c’est un si bon jour et qu’on fête Vénus, cède-moi ta courtisane, la petite.

  1. Mot forgé, de deux termes grecs qui signifient ailé et oiseau.