Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


MILPHION. Voulez-vous me rompre le tympan ?

AGORASTOCLÈS. Ni ceci, ni cela, ni… c’est pour tout de bon… Non, ma foi… Que sert de tant parler ? Un mot suffit… Non, ma foi, non, certes… Sais-tu ?… Que les dieux me protégent… Veux-tu que je te dise du fond du cœur ?… Là, entre nous… que Jupiter me… Sais-tu combien… attention ! Ne crois-tu pas à mes paroles ?

MILPHION. Si je ne peux vous faire décamper, je m’en vais moi-même. Pour votre verbiage, ma foi, il serait bon besoin de ce devin Oedipe, l’interprète du sphinx. (Il s’en va.)

AGORASTOCLÈS. Il part en colère : à présent il me faut prendre garde de ne pas faire languir mon amour par ma propre faute. Je vais chercher des témoins, puisque, tout libre que je suis, l’amour me contraint d’obéir à mon esclave.


_______________________________


ACTE II.


LYCUS, ANTHÉMONIDÈS.


LYCUS, d’abord seul. Que tous les dieux confondent le marchand qui s’aviserait désormais de sacrifier à Vénus ou de lui offrir un grain d’encens. Suis-je assez malheureux, assez persécuté des dieux ! j’immole aujourd’hui six agneaux, et je ne parviens pas à me rendre la déesse propice. Voyant que je ne pouvais avoir un heureux sacrifice, je m’éloigne aussitôt avec colère, et je défends de découper les entrailles, je ne veux même pas les voir, puisque l’aruspice me dit qu’elles sont mauvaises ; la déesse ne me paraît pas mériter une victime. Et voilà comment j’ai attrapé l’avare Vénus. Elle ne voulait pas se contenter d’une offrande raisonnable, j’y ai renoncé : voilà comme j’en use, voilà mon caractère. J’apprendrai aux autres dieux et déesses à se contenter désormais à moins de frais et à se montrer moins avides, quand ils sauront qu’un marchand d’esclaves a joué le tour à Vénus. Le digne aruspice, qui ne vaut pas le quart d’une obole, prétendait que toutes les entrailles me présageaient du malheur et de la perte, que les dieux étaient fâchés contre moi. Mérite-t-il qu’on le croie ni pour les choses du ciel ni pour celles de la terre ? Après cela, j’ai reçu un don d’une mine d’argent… Mais, au fait, où donc