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ADELPHASIE. Je vous regarde.

AGORASTOCLÈS. Vénus, je n’en doute pas, vous regardera aussi. (Adelphasie, Antérastile et la suivante s’en vont.)


SCÈNE II. — AGORASTOCLÈS, MILPHION.


AGORASTOCLÈS. Que me conseilles-tu à présent, Milphion ?

MILPHION. De me battre et de mettre votre maison en vente, vous pouvez, ma foi, en toute sûreté, vous en défaire.

AGORASTOCLÈS. Comment donc ?

MILPHION. Parce que vous prenez sur ma tête votre domicile habituel.

AGORASTOCLÈS. Laisse cela.

MILPHION. Que voulez-vous alors ?

AGORASTOCLÈS. Tantôt, je venais de donner trois cents philippes à mon fermier Collybiscus, quand tu m’as appelé. Maintenant je t’en conjure, Milphion, par cette droite, par cette gauche sa sœur, par tes yeux, par mes amours, par mon Adelphasie, par ta liberté…

MILPHION. Oh ! sur ce dernier point, demande nulle.

AGORASTOCLÈS. Mon petit Milphion, mon bonheur, ma vie, tiens ta promesse, fais que je ruine ce vil marchand.

MILPHION. Rien de plus facile. Allez, et amenez avec vous des témoins ; moi, je rentre, et je pourvois le fermier du costume et des ruses nécessaires ; hâtez-vous, partez.

AGORASTOCLÈS. Je m’enfuis.

MILPHION. C’est plutôt affaire à moi qu’à vous.

AGORASTOCLÈS. Et moi, moi, si tu mènes à bien l’entreprise…

MILPHION. Allez toujours.

AGORASTOCLÈS. Oui, aujourd’hui même…

MILPHION. Allez toujours.

AGORASTOCLÈS. Je t’affranchirai.

MILPHION. Allez toujours.

AGORASTOCLÈS. Non, par Hercule, je n’accepterais pas…

MILPHION. Ah ! allez donc.

AGORASTOCLÈS. Tout ce qu’il y a de trépassés dans l’Achéron…

MILPHION. Vous en irez-vous ?

AGORASTOCLÈS. Ni tout ce qu’il y a d’eau dans la mer…

MILPHION. Partez-vous enfin ?

AGORASTOCLÈS. Ni tout ce qu’il y a de nuages dans l’air…

MILPHION. Cela va-t-il durer longtemps ?

AGORASTOCLÈS. Ni tout ce qu’il va d’étoiles au ciel…