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MILPHION. Maître, c’est un sacrilège ; vous frappez un ambassadeur.

AGORASTOCLÈS. Raison de plus. Tiens, voilà encore pour la prunelle, et pour la bouche mignonne, et pour la langue.

MILPHION. N’est-ce pas fini ?

AGORASTOCLÈS. Est-ce là l’ambassade dont je t’avais chargé ?

MILPHION. Comment donc fallait-il faire ?

AGORASTOCLÈS. Tu le demandes ? Voici ce qu’il fallait dire, coquin : Je vous supplie, volupté de mon maître, son miel, son cœur, sa bouche mignonne, sa langue, son baiser, sa crème, son doux bonheur, sa joie, sa crème, son petit fromage mollet… pendard !… son cœur, sa passion, son baiser… pendard !… il fallait dire en mon nom ce que tu disais de toi.

MILPHION. Je vous conjure donc, par Hercule, volupté de mon maître et mon abomination, son amie à la gentille gorgette et ma méchante ennemie, sa prunelle et ma fluxion, son miel et mon fiel, ne soyez pas en colère contre lui ; ou, si vous ne pouvez vous en empêcher… prenez une corde et pendez-vous avec mon maître et toute notre maisonnée. Car je vois bien que grâce à vous il me faudra désormais en avaler d’amères, et déjà mon pauvre dos n’est que plaies et écailles à cause de votre amour.

ADELPHASIE. Croyez-vous que j’aie plus le moyen de l’empêcher de vous battre que de me faire des mensonges ?

ANTÉRASTILE. Dis-lui, je te prie, quelque parole agréable, pour qu’il ne nous importune pas : car il nous empêche d’aller à notre devoir.

ADELPHASIE. C’est vrai. Je vous passerai donc encore cette faute, Agorastoclès. Je ne suis plus fâchée.

AGORASTOCLÈS. Bien vrai ?

ADELPHASIE. Bien vrai.

AGORASTOCLÈS. Donnez-moi donc un baiser, pour me le prouver.

ADELPHASIE. Tout à l’heure, en revenant du temple.

AGORASTOCLÈS. Alors, allez vite.

ADELPHASIE. Viens, ma sœur.

AGORASTOCLÈS. Encore un mot : bien des compliments de ma part à Vénus.

ADELPHASIE. Je n’y manquerai pas.

AGORASTOCLÈS. Encore un mot.

ADELPHASIE. Qu’est-ce ?

AGORASTOCLÈS. Faites votre prière courte… Un dernier mot : regardez-moi.