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AGORASTOCLÈS. L’idée me sourit.

MILPHION. Quand je lui aurai donné la dernière façon, à la bonne heure, vous pourrez dire cela ; pour le moment elle n’est pas encore dégrossie.

AGORASTOCLÈS. Je vais de ce pas au temple de Vénus, si tu n as pas besoin de moi, Milphion. C’est sa fête aujourd’hui.

MILPHION. Je le sais.

AGORASTOCLÈS. Je veux me donner le plaisir de voir les courtisanes dans leurs atours.

MILPHION. Occupons-nous d’abord de notre affaire. Entrons, et apprenons au fermier Collybiscus comment il doit jouer son rôle.

AGORASTOCLÈS. Quoique j’aie le cœur tout rempli de Cupidon, je t’obéirai.

MILPHION. Et vous en serez bien aise. (Agorastoclès rentre.) Le pauvre garçon a en pleine poitrine une blessure amoureuse qui ne peut se guérir qu’à grands frais. Après tout, ce Lycus est un scélérat ; mes machines sont toutes dressées contre lui, et bientôt je lâcherai la détente. Mais voici Adelphasie qui sort avec Antérastile. C’est celle-ci, la première, qui fait tourner la tête à mon maître. Appelons-le : hé, Agorastoclès, sortez, si vous voulez jouir du coup d’œil le plus délicieux.

AGORASTOCLÈS. Quel tapage fais-tu là, Milphion !

MILPHION. Eh ! vos amours, si vous voulez les voir.

AGORASTOCLÈS. Que les dieux te comblent de faveurs pour m’avoir procuré une si charmante vue !


SCÈNE II. — ADELPHASIE, ANTÉRASTILE, MILPHION, AGORASTOCLÈS.


ADELPHASIE. Celui qui voudra se donner bien du tracas ira qu’à faire emplette de deux objets, une femme et un vaisseau. Ce sont les deux choses qui causent le plus de tintouin, si l’on se met à les parer. Jamais on ne les arrange assez bien, jamais elles ne se trouvent assez arrangées. Ce que je dis là, je le sais par ma propre expérience. Depuis le point du jour jusqu’à cette heure-ci, nous n’avons pas eu un moment de relâche, sans cesse occupées toutes deux à nous baigner, nous frotter, nous essuyer, nous parer, nous bichonner, nous pomponner, nous peindre, nous farder ; les deux femmes de chambre qu’on nous a données à chacune ont eu assez de mal aussi à nous frictionner, à nous dé-