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DORDALE. Il sait bien ce qu’il a fait, lui qui m’a vendu à mes risques et périls une fille enlevée. Il a touché l’argent, et le voilà décampé. Que sais-je maintenant si on ne va pas venir réclamer cette petite ? Et où irais-je le chercher ? En Perse ! Quelle plaisanterie !

TOXILE. J’ai cru te rendre service, t’être agréable.

DORDALE. Aussi te suis-je très reconnaissant, Toxile : j’ai bien vu que tu me servais chaudement, en ami.

TOXILE. Moi ?

DORDALE. Oui, tout de bon. Mais j’ai oublié de donner quelques ordres chez moi. Garde-la.

TOXILE. Elle est en bonnes mains.


SCÈNE VIII. — TOXILE, LA JEUNE FILLE, SATURION.


LA JEUNE FILLE. Mon père tarde bien.

TOXILE. Si je l’appelais ?

LA JEUNE FILLE. C’est le moment.

TOXILE. Holà, Saturion, sors : voici l’occasion de nous venger de l’ennemi.

SATURION. Me voici. Ai-je trop tardé ?

TOXILE. Va, retire-toi par là, qu’on ne puisse te voir.

SATURION. C’est bon.

TOXILE. Quand tu me verras en conversation avec le marchand, fais tapage.

SATURION. A bon entendeur demi-mot.


SCÈNE IX. — DORDALE, TOXILE.


DORDALE. En rentrant chez moi, je les ai tous cinglés à coups d’étrivières ; mes meubles, ma maison, tout cela est d’une saleté !

TOXILE. Reviens-tu, à la fin ?

DORDALE. Oui, je reviens.

TOXILE. Je t’ai rendu la vie heureuse aujourd’hui.

DORDALE. C’est vrai : je t’en ai obligation.

TOXILE. Tu n’as plus rien à me dire ?

DORDALE. Donne-toi bien du plaisir.

TOXILE. J’en trouverai assez à la maison ; je vais m’étendre auprès de ton affranchie.