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SAGARISTION, à la jeune fille. Approchez et contentez-le. (A Dordale.) Parlez, faites vos questions.

TOXILE, à la jeune fille. Allons, allons, avancez, et tâchez de partir du bon pied.

LA JEUNE FILLE. Les auspices sont favorables.

TOXILE. Chut ! (A Dordale.) Éloigne-toi un peu, je vais te l’amener.

DORDALE. Fais pour le mieux dans mon intérêt.

TOXILE, à la jeune fille. Suivez-moi. (A Dordale.) Tiens, la voici, tu peux l’interroger.

DORDALE, à Toxile. Mais reste donc là.

TOXILE. Impossible ; il faut que je m’occupe de notre hôte, pour obéir à mon maître. Peut-être ne veut-il pas que je me tienne près de toi.

SAGARISTION. Au contraire, allez.

TOXILE, à Dordale. Me voilà à ton service.

DORDALE. Et au tien en même temps, puisque tu obliges un ami.

TOXILE. Fais tes questions. (Bas à la jeune fille.) Et vous, ouvrez l’œil.

LA JEUNE FILLE. C’est bon ; toute esclave que je suis, je connais mon devoir, je sais qu’il faut répondre la vérité, comme on me l’a enseignée.

TOXILE, montrant Dordale. Mon enfant, voilà un honnête homme.

LA JEUNE FILLE. Je le crois.

TOXILE. Vous ne resterez pas longtemps à son service.

LA JEUNE FILLE. Je l’espère bien, si mes parents font ce qu’ils doivent.

DORDALE. Ne soyez pas surprise si nous vous questionnons sur votre patrie, sur votre famille.

LA JEUNE FILLE. Et pourquoi le serais-je, brave homme ? Ma condition me défend d’être surprise de tout mal qui m’arrive.

TOXILE, à part. Les dieux la confondent, c’est une fine mouche. Elle a de l’esprit ! la repartie juste !

DORDALE. Votre nom ?

TOXILE, à part. Je tremble qu’elle ne bronche.

LA JEUNE FILLE. Dans mon pays, on m’appelait Lucris.

TOXILE. Le nom et le présage sont impayables[1]. Achète-la

  1. Lucris, de lucrum, profit.