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veux être bon garçon, ce qui ne s’est jamais vu et ne se verra jamais.

TOXILE, à part. Je ferai tomber habilement aujourd’hui mon homme dans le panneau ; le piége est bien tendu. Abordons-le… Comment vas- tu ?

DORDALE. Je te fais crédit.

TOXILE. D’où viens-tu, Dordale ?

DORDALE. Je te fais crédit.

TOXILE. Que les dieux comblent tes souhaits. Dis-moi, as-tu déjà affranchi la belle ?

DORDALE. Je te fais crédit, te dis-je, je te fais crédit.

TOXILE. Comptes-tu une affranchie de plus ?

DORDALE. Tu m’assassines. Quand je te dis que je te fais crédit !

TOXILE. Parle sérieusement : est-elle libre ?

DORDALE. Va, va sur la place, auprès du préteur ; informe-toi, si tu ne veux pas me croire. Elle est libre, te dis-je. Entends-tu ?

TOXILE. Que tous les dieux te bénissent. Je ne te souhaiterai jamais de mal à toi ni aux tiens.

DORDALE. C’est bon, pas de serment, je te crois.

TOXILE. Et où’ est-elle maintenant, ton affranchie ?

DORDALE. Chez toi.

TOXILE. Chez moi, dis- tu ?

DORDALE. Oui, je te le dis, chez toi ; chez toi, je te le répète.

TOXILE. Que les dieux me protégent, aussi vrai que je t’apporte en récompense une foule de bienfaits. Il y a une chose dont je ne voulais pas t’ouvrir la bouche ; mais je vais te la dire, tu pourras en tirer un gros profit. Je veux que tu te souviennes de moi ta vie entière.

DORDALE. Mes oreilles demandent que les bons effets viennent confirmer ces bonnes paroles.

TOXILE. Tu m’as rendu service, je te dois bien cela. Et pour que tu voies que je ferai comme je dis, tiens, prends cette lettre, et lis-la.

DODALE. En quoi me regarde-t-elle ?

TOXILE. Elle te regarde, elle t’intéresse ; on me l’a apportée de Perse tantôt, de la part de mon maître.

DORDALE. Quand cela ?

TOXILE. Il y a un moment.

DORDALE. Qu’est-ce qu’elle chante ?

TOXILE. Interroge-la elle-même, elle va te le dire.